18 novembre 2013

Le don de dyslexie

Gabriela Scholter

Gabriela Scholter

Ronald Dell Davis, considéré comme retardé mental depuis l’enfance, puis dyslexique à l’âge adulte, a passé les 38 premières années de sa vie à se battre contre cette « atteinte cérébrale » et à la cacher.

Après avoir réglé seul son problème de dyslexie en 1980, il a mis au point Les procédures de Conseil d’Orientation et de Maitrise des Symboles Davis. Gabriela Scholter est formée à cette méthode et a répondu à nos questions sur le sujet.

Comment est née la méthode Davis ?

Ron Davis a mis longtemps à apprendre à lire – il avait 38 ans quand il a vraiment commencé à faire ce que nous appelons « lire » – qui veut dire, pour la plupart d’entre nous, prendre quelque chose d’écrit, regarder  les lettres et tout de suite savoir ce qu’elles veulent dire… en comprenant le texte… et généralement en étant capable de nous en souvenir  même le lendemain.  Il avait compris que le problème ne pouvait pas être structurel – puisqu’il y avait des jours où ça allait mieux et d’autres où ça n’allait pas du tout. Tous les parents d’enfants dyslexiques savent cela d’ailleurs…

Alors il comprenait que le problème était forcément  fonctionnel – une personne dyslexique crée sa propre dyslexie par sa façon de se servir de son cerveau.

Il ne restait qu’à trouver comment utiliser le cerveau avec son propre fonctionnement pour surmonter les problèmes que celui-ci avait provoqués. Et il n’a eu de cesse de chercher et d’expérimenter. Le résultat est « la méthode DAVIS® » qui permet à une personne de maîtriser ses propres perceptions, de contrôler son énergie et  de travailler d’une façon détendue, tout en étant attentif – bref, de se gérer elle-même – et d’utiliser ses dons pour surmonter ses difficultés.

Les personnes dyslexiques ont pour « don » commun d’avoir une facilité à utiliser des images comme méthode de pensée. Cela peut aider à les rendre capables d’inventer des choses (pensons à Thomas Edison par exemple) ou à comprendre certaines choses d’une façon nouvelle (comme Albert Einstein).   Cependant, ce qui est un « don » dans le monde réel peut être un problème dans celui des symboles. Or, le monde de la lecture ne comprend  que des symboles : chaque lettre, chaque signe de ponctuation, chaque mot, chaque signe d’arithmétique ne sont que des symboles. Et comme ils n’ont aucune réalité – ils ne font que représenter la réalité, la remplacer – quelqu’un qui pense surtout en images peut facilement être embrouillé en rencontrant ces symboles ou en étant obligé de s’en servir.

L’idée géniale de Ron Davis a été de donner aux symboles une certaine « réalité » en les faisant en pâte à modeler. Ainsi une personne dyslexique peut commencer à les maîtriser et ensuite les utiliser d’une façon convenable. Et c’est ainsi que les problèmes/symptômes présentés  par la dyslexie peuvent être surmontés, en permettant à la personne de garder ses « dons » (cf livre Le don de dyslexie par Ronald Dell Davis, édition revue et augmentée).

En quoi est-elle plus efficace que les autres méthodes ?

« La dyslexie ne devrait pas être considérée comme un trouble de l’apprentissage, mais comme une perturbation de l’enseignement », Ronald D. Davis.

L’objectif du programme d’apprentissage DAVIS est tout d’abord de permettre aux enfants et aux adultes de retrouver leur goût naturel pour l’apprentissage et de consolider leur confiance en leurs capacités.

C’est pour nous une grande réussite. Certainement aussi parce que nous ne considérons justement pas la dyslexie, la dyscalculie et les TDA/H comme des « handicaps ». Au contraire, nos programmes se basent sur l’idée que, comparées aux autres écoliers, les personnes affectées présentent des facultés spécifiques particulièrement prononcées qui ne sont tout simplement pas compatibles avec les méthodes traditionnelles d’enseignement et d’apprentissage. Cette particularité requiert un autre type d’apprentissage et d’enseignement.

Des informations concrètes, réelles et imagées permettent aux personnes affectées de comprendre et de saisir les contenus sans être embrouillées.

Apprendre, c’est aussi utiliser ses propres facultés. Les méthodes DAVIS® se basent sur le fait que de nombreuses personnes qui présentent les signes précurseurs de difficultés d’apprentissage disposent d’aptitudes particulières et innées de perception qui leur permettent d’augmenter leur créativité, d’accroître leur capacité physique de travail et d’accélérer leurs processus de réflexion.

Dans certaines disciplines, ces facultés peuvent être un obstacle à la réussite de l’apprentissage. Dans ce cas, les facultés de perception par exemple nécessaires dans le sport et le dessin technique, peuvent être gênantes pour manipuler des lettres et des chiffres. Si une personne présentant ces facultés essaie alors de résoudre la confusion provoquée par un texte écrit, cela peut gêner la perception et entraîner une désorientation perceptible. Cela se répercute sur tous les sens, la vue et l’ouïe, le sens de l’équilibre, l’habileté motrice ainsi que la notion du temps et la langue, ce qui altère en retour l’aptitude à l’apprentissage.

Dans les programmes DAVIS®, les personnes affectées testent des outils et des techniques afin de contrôler et de stopper leur désorientation de manière autonome et ainsi renouer avec la réussite dans l’apprentissage. L’envie d’apprendre croît à nouveau !

Quels ont été les résultats concrets observés jusqu’à présent ?

La méthode DAVIS® utilise les aptitudes et ressources spécifiques de l’élève et lui enseigne comment les utiliser. L’élève devient ainsi autonome pour comprendre les notions abstraites, apprendre à lire, à compter et maîtriser son imagination. Les problèmes disparaissent alors entièrement, sous réserve de s’impliquer et d’utiliser les techniques apprises sur le long terme.

Pendant la semaine, l’élève découvre sa propre façon de penser et ses processus particuliers de perception. En outre, il apprend à utiliser les trois outils mentaux nécessaires à tout apprentissage aisé.

Il peut ainsi résoudre durablement les confusions provoquées par les symboles linguistiques, lettres ou chiffres.

Que faudrait-il selon vous pour la développer davantage en France ?

Bien commencer dès le début. Avant de commencer l’école, les enfants n’ont pas encore de « mauvaise » expériences d’apprentissage. Ils n’ont donc pas encore besoin de « bidouiller » avec de mauvaises astuces. Et pour que les enfants puissent apprendre de la meilleure façon possible dès la maternelle jusqu’à la fin de leur scolarité, nous proposons aux enseignants une formation de deux jours pour leur montrer comment faire pour introduire tous les symboles utilisés dans l’apprentissage d’une manière imagée. Aussi, on leur fait connaître les trois outils nécessaires pour l’autogestion, qui seront transmis aux élèves, ce qui permet à l’enseignant de travailler pratiquement sans problèmes de discipline.

Pour en savoir plus sur cette méthode, vous pouvez consulter le site anglophone : http://www.davislearn.com/.

Propos recueillis par Nathalie Giusti

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