Reconnaissance scientifique pour la pédagogie Montessori !

la méthode Montessori en ce qui concerne l’apprentissage de la lecture à la maternelle « pourrait faire progresser l'acquisition des compétences précoces en lecture, et ainsi permettre de réduire les inégalités chez les jeunes enfants 

Montessori : une étude révèle les bienfaits de la méthode dans l’apprentissage de la lecture

Une des premières études sur la pédagogie Montessori à la maternelle, menée à Lyon, a livré ses résultats.

La présence d’écoles Montessori ne cesse de croître en France et dans le monde. Elles seraient environ 200 d’après l’Association Montessori de France. Selon celle-ci, la pédagogie Montessori « c’est avant tout une philosophie, une manière de percevoir l’enfant en le considérant comme l’acteur de sa propre construction ». Ce dernier est donc libre de choisir les activités auxquelles il veut participer, et de leur consacrer le temps qu’il souhaite, dans un environnement adapté à son rythme et à sa personnalité.

Maria Montessori, pédagogue italienne, ouvre sa première salle de classe en 1907, dans un quartier pauvre de Rome. Si cette éducation était, dans un premier temps, destinée à une population modeste, elle s’est exportée parmi les classes sociales favorisées. Aujourd’hui, il faut débourser en moyenne 500 euros par mois pour scolariser son enfant dans une école Montessori. Mais est-ce un si bon investissement ? Cet environnement permet-il réellement aux enfants de mieux développer leurs compétences, comparé au système éducatif classique ?  Peu de ressources scientifiques existent à ce jour sur la question, c’est pourquoi l’étude comparative menée à Lyon, dont les résultats ont été publiés dans la revue « Child Development », est particulièrement intéressante.

TROIS GROUPES ÉTUDIÉS PENDANT TROIS ANS

Dans un article posté le 3 mai, Jérôme Prado, chercheur pour le CNRS au centre de recherche en neurosciences de Lyon-CRNL, détaille la méthodologie de l’étude. Pendant trois ans, explique-t-il, « des enseignants d’une école maternelle de la région lyonnaise ont décidé d’adopter la méthode Montessori dans la moitié des classes de leur établissement, situé en réseau d’éducation prioritaire renforcé. Les enfants se voyaient assignés de manière aléatoire, soit à une des classes Montessori, soit à une des classes plus “conventionnelles”. »

Au total, 176 enfants ont été comparés de façon transversale et 70 d’entre eux ont été suivis depuis l’entrée en maternelle (trois ans) jusqu’à la fin de la maternelle (six ans). Deux catégories d’élèves étaient issues d’une école publique (certains suivaient la pédagogie Montessori, quand d’autres recevaient une éducation plus « traditionnelle »). Le troisième groupe d’enfants était scolarisé dans une école Montessori privée située dans un quartier cossu de Lyon. Les enfants ont été testés sur une série de tâches évaluant le langage, les mathématiques, les fonctions exécutives et les aptitudes sociales.

Entre les deux groupes issus de l’école publique, la pédagogie Montessori ne semble pas avoir eu d’impact significatif, qu’il soit positif ou négatif, sur l’apprentissage des élèves en ce qui concerne les capacités mathématiques, les fonctions exécutives et les aptitudes sociales. En revanche, les enfants des classes Montessori ont obtenu de meilleurs résultats en lecture que ceux des classes traditionnelles en fin de grande section. « De façon tout à fait intéressante, ces performances supérieures en lecture se sont avérées comparables à celles des enfants plus favorisés de l’école maternelle Montessori privée », analyse Jérôme Prado.

RÉDUIRE LES INÉGALITÉS

Par ailleurs, l’étude mentionne que « les enfants de [l’] école privée avaient tendance à avoir de meilleurs résultats que les enfants de l’école publique sur plusieurs autres mesures ». Elle confirme ainsi les conséquences des inégalités sociales et économiques sur les apprentissages précoces. Pour Jérôme Prado, les résultats révèlent que l’adoption de la méthode Montessori en ce qui concerne l’apprentissage de la lecture à la maternelle « pourrait faire progresser l’acquisition des compétences précoces en lecture, et ainsi permettre de réduire les inégalités chez les jeunes enfants ». 

En 2017, le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer s’était dit favorable à « l’esprit Montessori » : « Je suis pour la créativité, la diversité des expériences, avait-il déclaré au micro de France Culture. Je ne dis pas que Montessori doit être appliqué partout. D’ailleurs c’est plus l’esprit Montessori, qui doit être revisité, dans des modalités qui doivent évoluer. Au-delà du génie pédagogique qu’était Montessori, c’est sa démarche qui est importante. »

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