12 avril 2017

Pour les mots fléchés à l’école !

(C) Télé7jeux

Le Fondateur de Télé 7 jeux François Diwo, passionné de jeux de mots et grand amoureux de la langue française, suggère ici au futur président de la République une idée pour améliorer le vocabulaire et l’orthographe des élèves … par le jeu. Son approche a aussi le mérite de dépasser la “querelle des anciens et des modernes” en proposant un moyen efficace d’allier rigueur et plaisir.

Le ministère de la rue de Grenelle aura prochainement un nouveau locataire dont on peut imaginer qu’à l’instar de ses prédécesseurs, il (ou elle) ne mettra pas longtemps avant de lancer à son tour une réforme de l’enseignement.

Alors, Monsieur ou Madame le futur ministre de l’Éducation, permettez-moi de vous faire une suggestion pour que votre réforme donne satisfaction aux professeurs, aux élèves et à leurs parents.
Impossible unanimité, pensez-vous ? Pas du tout !
Juste un peu de bon sens. Introduisez les mots fléchés à l’école.
Et aussi les mots casés, codés, mystérieux… Bref, tous les jeux de lettres dont les adultes raffolent… et les enfants aussi.
Des jeux qui apprennent l’orthographe, enrichissent le vocabulaire et habituent à jongler avec les mots.

Inutile d’être grand clerc pour savoir que l’on apprend mieux en jouant que sous la contrainte et, surtout, que les enfants adorent les challenges. Il n’y a qu’à les voir redoubler d’efforts aussi bien sur leurs consoles de jeux pour accéder à de « nouveaux mondes », que sur les terrains de sport où ils donnent le meilleur pour remporter le match.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de prétendus spécialistes plus dogmatiques que pédagogues, la difficulté ne leur fait pas peur, à condition que celle-ci soit expliquée et fasse l’objet d’un enjeu.
Voire d’un jeu.

On ne peut laisser indéfiniment le niveau d’orthographe des élèves se détériorer.
En 2007, des élèves de CM2 ont été soumis à une dictée donnée vingt ans plus tôt à leurs aînés. Résultat : le taux d’écoliers faisant plus de 15 fautes est passé de 26% en 1987 à 46%, et le nombre de fautes de grammaire a augmenté de 7 à 11. Dix ans plus tard, ne nous faisons pas d’illusions, les résultats seraient encore plus mauvais.

Mais pourquoi ?

La faute aux SMS disent certains. Erreur ! C’est même le contraire comme l’a noté Antonine Goumi, maître de conférences à l’université Paris-X : « Les enfants apprennent à présent les deux langages en même temps et l’on constate que les plus à l’aise avec l’orthographe sont également ceux qui recourent le plus au langage SMS. »
Eh oui, les enfants savent très bien faire la différence.
Malheureusement, on assiste depuis trop longtemps à une reculade permanente devant l’obstacle.

Les élèves font trop de fautes d’orthographe ? C’est parce que celle-ci est trop compliquée ! Réformons-là. Et voilà que nénuphar peut s’écrire nénufar et qu’oignon devient ognon. La belle affaire ! Quant à l’accent circonflexe, puisque les élèves ne savent pas où le placer, supprimons-le !

Absurde réaction qui n’est pas une réforme mais une simplification ou plutôt un tragique nivellement par le bas.

Pourquoi tragique ? Parce que notre langue est belle. Ses pièges, une fois maîtrisés, deviennent des amis, des repères et font partie de notre culture.
L’académicien Erick Orsenna, peu susceptible d’être taxé de réactionnaire, en a donné une magnifique démonstration dans plusieurs ouvrages qui sont autant de déclarations d’amour à notre langue:
« La grammaire est une chanson douce », « Plaisirs secrets de la grammaire » ou encore « Les chevaliers du subjonctif ».

Il n’y a pas d’un côté les modernes, prêts à supprimer les règles trop difficiles, et les anciens qui s’y accrochent comme des naufragés à une bouée. Présenter les choses ainsi serait malhonnête.

Il y a ceux qui aiment leur langue et veulent la transmettre dans sa plénitude, ce qui n’exclut évidemment pas des apports constants ; et ceux qui par lâcheté cèdent à la démagogie du « tout nouveau, tout beau, tout facile ».

C’est là où l’intervention des jeux peut être un soutien utile pour les enseignants. On n’a pas l’impression d’apprendre, quand on joue.
Et pourtant ! Si l’on doit placer le mot « courir » dans une grille, on se rend vite compte qu’il ne faut qu’une seul « r ».

À ce propos, les enfants raffolent aussi des procédés mnémotechniques, qu’ils voient comme des astuces…des moyens de contrebande pour se souvenir des règles.
Par exemple, on ne meurt qu’une fois. Il n’y a donc qu’un seul «  r » à mourir. En revanche, on se nourrit plusieurs fois par jour. Donc, il y a deux « r ». Et, quand on court, on va vite, on ne perd pas de temps inutile. C’est pourquoi il n’y a qu’un « r ». Mais lorsqu’un fruit pourrit, c’est qu’il est resté trop longtemps sans être consommé. Suffisamment longtemps pour mettre deux « r » à pourrir » !

Je vous conseille d’ailleurs un livre malin et amusant qui permet, à l’aide de dessins, de mémoriser des difficultés orthographiques.(“99 dessins pour ne plus faire de fautes“, de Sandrine Campese aux éditions de l’Opportun)

Dans certains numéros hors série de Télé 7 Jeux, (2,5 millions de lecteurs), nous proposons un cahier destiné aux juniors, composé de grilles de mots croisés dont les définitions sont dessinées (doc 1) et de mots fléchés aux définitions écrites, mais avec quelques lettres déjà placées, pour les guider. (doc 2)
Il y a aussi les « mots mystérieux » (doc 3) qui leur plaisent énormément. Il s’agit de retrouver dans une grille une liste de mots écrits en tous sens. La mémoire visuelle fonctionne à plein et le cerveau imprime les bonnes graphies.

Ces cahiers juniors rencontrent un immense succès et ont, en plus, la vertu de rapprocher les générations. Ce qui n’empêche pas nos jeunes lecteurs d’aimer aussi les jeux vidéo et d’envoyer des sms en phonétique à leurs amis. Ni de jouer sur notre site www.tele7jeux.fr.
Autre jeu a priori pour adultes mais très prisé des jeunes, la dictée où l’auteur propose deux versions d’un même mot (doc 4). Au lecteur de choisir la bonne.

Beaucoup d’enseignants utilisent déjà ces jeux. Je reçois régulièrement de leur part des demandes de reproduction de quelques pages pour leur classe. Ils ont ce réflexe parce qu’ils jouent eux-mêmes et n’ont pas besoin d’être persuadés de l’efficacité d’un tel moyen pédagogique.

Plus on joue avec les mots et moins ils font peur. On les apprivoise et on les aime. Cela conduit naturellement à la lecture.
Encore faut-il que celle-ci soit à la hauteur de leurs attentes.
Mais là aussi, on fait face à une regrettable simplification.
“L’Obs” a publié début avril un dossier dans lequel on apprenait que les aventures du « Club des Cinq », qui ont fait rêver des générations d’enfants depuis leur publication en France il y a soixante ans, ont subi des coupes.
Pour le même livre, il y a deux chapitres en moins entre l’édition originale de 1955 et celle de 2005. “Nous avons supprimé les  bavardages inutiles entre les héros” se justifie l’éditeur.
Peur de lasser les lecteurs ? Quelle erreur !
Allez vous étonner ensuite que les jeunes ne prennent jamais le temps de se poser. Pis, tous les passés simples ont été remplacés par l’imparfait, afin de ne pas décourager les lecteurs peu familiers avec ce temps…Pauvre Enid Blyton !

Alors, stop à la démagogie, à commencer par celle de nos responsables politiques de tous bords. A force d’esquiver toute difficulté, ils détruisent notre langue et, plus grave encore, créent des générations d’illettrés… parfois fort cultivés, mais qui, une fois à l’université ou dans une école de commerce, se voient contraints de reprendre des cours de français.

Un CV, une lettre ou un mail truffé de fautes n’est pas la meilleure façon de “se vendre”. Ils se retrouvent donc à apprendre des bases qu’ils devraient maîtriser depuis l’entrée au collège !

L’avenir de la langue française passe donc par des professeurs passionnés, non soumis à de perpétuels changements de programmes ou de méthode, et à qui l’on donne des moyens originaux, comme les jeux, pour compléter leur enseignement.
Nous, professionnels des jeux de lettres, sommes prêts à les aider s’ils le souhaitent.

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