29 janvier 2024

Vous avez dit Pédagogie explicite ?

Le 5 octobre, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation Nationale, annonçait des mesures pour provoquer un choc des savoirs et redresser le niveau des élèves français. Le 5 décembre, il envoyait une lettre aux professeurs pour préciser les principes des réformes à venir. Nombre des mesures alors citées, telles que l’uniforme ou l’utilisation de la méthode Singapour, ont été commentées, décriées ou au contraire saluées avec force. Il en est une qui est passée presque inaperçue : « le choix clair de la pédagogie explicite » (cf. lettre du 5 décembre).

A l’ILFM, cette pédagogie nous est chère ! L’ensemble des enseignements didactiques que nous proposons s’appuie sur ses principes. De nombreuses écoles libres hors contrat choisissent aussi de la mentionner dans leur projet pédagogique ou utilisent des manuels s’appuyant sur cette pratique. D’ailleurs, sans pour autant utiliser le terme de pédagogie explicite, ses principes sous-tendent l’ensemble des enseignements didactiques de l’ILFM, institut de formation de la Fondation pour l’école.

Mais qu’est-ce que l’enseignement explicite ? D’après le Conseil scientifique de l’Éducation Nationale, qui a proposé une synthèse sur le sujet en juin 2022, il s’agit « d’un enseignement structuré, où l’activité de l’enseignant – essentielle – a pour but de favoriser par des explications claires, des démonstrations et une pratique guidée, un engagement actif des élèves et une meilleure compréhension de l’objet d’apprentissage ».  Cela fait presque rêver, non ?

Décryptons cette définition pour mieux la comprendre et peut-être mieux nous la réapproprier :

  • Des séances structurées : de la découverte de la notion à son réinvestissement dans des situations concrètes en passant par la manipulation et l’énoncé de la règle, aucun élément n’est oublié.
  • L’activité de l’enseignant est essentielle : en effet, l’enseignant a pensé en amont chaque phase de son cours afin de permettre la progressivité des apprentissages (partir du simple pour arriver au complexe) et ainsi de favoriser la compréhension fine des notions par les élèves. Son action est irremplaçable !
  • Explications claires, démonstrations et pratique guidée : la parole du professeur est importante, celle de l’élève qui reprend les explications à son compte et à voix haute l’est tout autant (synthèse du CSEN p.5). Les étapes précises doivent être maîtrisées les unes après les autres, les règles énoncées clairement et démontrées afin que chaque notion soit porteuse de sens.
  • Engagement actif des élèves : La synthèse propose ici plusieurs éléments tels que de nombreuses sollicitations, des échanges avec les élèves, des retours sur erreurs, un entraînement intense et répétitif. On pourrait y ajouter la manipulation et la diversité des outils et supports proposés (ateliers autonomes, jeux pédagogiques, exercices, …)

Alors notre pédagogie est-elle vraiment explicite ? Avons-nous ce souci de structurer chacune de nos séances pour favoriser compréhension et mémorisation chez nos élèves ? L’essentiel est d’y tendre et de chercher à progresser chaque année en remettant peut-être en question certaines de nos habitudes…

Pour aller plus loin :