21 février 2013

Une classe dans le salon

Vosges matin fait un reportage sur une école créée par trois familles nombreuses qui faisaient l’école à la maison jusqu’alors. L’enseignement y est donnée par une jeune femme d’origine gabonaise. Les enfants fréquentent l’école de musique municipale. Les méthodes pratiquées sont assez traditionnelles. L’exemple type de ces  petites écoles  où les enfants étudient dans une atmosphère familiale et un cadre paisible propices à l’étude.

Cela va forcément raviver quelques souvenirs, plus ou moins lointains. Par exemple, dans la classe unique de Marie-Odile Bergez, les élèves attendent à côté du pupitre qu’ils soient autorisés à s’asseoir.

Ici, on apprend le respect par le vouvoiement, ce qui peut surprendre un peu lorsque la maîtresse s’adresse à ses propres enfants. Les notes (pour les plus grands) sont en vigueur, avec classement ; surtout, les bons points et les images (pour les petits) viennent encourager efforts et résultats de l’élève. En revanche, pas question de punition se résumant à l’écriture répétitive de lignes : « Leurs poignets sont encore fragiles, et les cahiers ne sont pas faits pour ça », sourit la maîtresse bénévole, titulaire d’ « une licence en lettres modernes ».

« La coupure du mercredi leur fait du bien »

Marie-Odile enseigne à onze élèves, de grande section au CM2. Photo Dominique Roquelet.

Dans cette classe privée établie au domicile de Marie-Odile, dans ce qui était un salon, les enfants portent une blouse… « lorsqu’ils écrivent à la plume », précise l’enseignante-directrice, « il y a une exigence de propreté ; cela permet aussi d’apprendre à bien tenir un crayon et à bien se tenir », ajoute la directrice-adjointe, Blandine Mouroux, une habitante de l’agglomération vésulienne, fan du film-documentaire « Être et avoir », réalisé en 2002 par Nicolas Philibert sur le quotidien d’une classe unique.

Elles deux sont à l’origine de cette initiative fondée sous la forme associative (Association Franche-Comté Éducation et Instruction) et concrétisée, sans embûche administrative, à la rentrée dernière. Une troisième famille, du canton de Scey-sur-Saône, nombreuse comme les deux autres, s’y est jointe.

Toutes les trois pratiquaient déjà l’école à la maison. Elles se sont juste trouvées et décidées à confier l’enseignement à cette jeune femme d’origine gabonaise dont la rondeur du ventre témoigne de l’arrivée prochaine de son… douzième enfant. Naissance qui devrait correspondre avec le temps des vacances de février…

Sa voix est douce, elle en fait profiter la classe : « Si vous parlez à voix basse, les enfants sont obligés d’écouter, de tendre l’oreille. » Une oreille musicale, puisque, fait du hasard, « tous les élèves vont aussi à l’école de musique de Vesoul ».

Et pour mieux souder encore la classe, « nous avons composé deux équipes, chacune avec un chef et un enfant de chaque niveau, cela permet de les responsabiliser ; c’est plus simple aussi pour les activités d’extérieur ».

Onze enfants, de grande section à CM2, composent ainsi l’effectif de l’école privée Sainte Jeanne-Antide Thouret, du nom de la fondatrice de l’ordre des Sœurs de la Charité de Besançon. Son portrait est accroché au mur ; un crucifix aussi, près du tableau. La journée commence par une demi-heure de catéchisme. « Surtout le jeudi, sinon on s’arrête sur le saint du jour, la pensée du jour. Cela nous ouvre l’esprit », assure Marie-Odile, qui enseigne le lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 9 heures à 12h15 et de 13h45 à 16h45. « La petite coupure du mercredi, ça leur fait du bien », ajoutent les mamans, qui prônent les devoirs du soir. « Ça aide à rester connecter et, il ne faut pas l’oublier, les parents sont les premiers éducateurs de l’enfant ».

Les pupitres, d’époque, et le tableau à craie sont le fruit de la débrouille et de la récupération. Quant aux méthodes d’enseignement, notamment tirées de la pédagogie Montessori, au contact de la vie quotidienne, « elles plaisent et ont fait leurs preuves », garantit Blandine. « On a largement le niveau », dit-elle, « à Pâques, les CP sauront tous lire. »

Philippe BROUILLARD

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