Pour pallier la chute du niveau scolaire, il faudrait s’inspirer des méthodes employées par les écoles libres hors contrat qui attirent de plus en plus d’élèves chaque année, juge le directeur de la fondation pour l’école Michel Valadier.
Cette rentrée scolaire est tout à fait particulière en raison de l’instabilité politique qui dure encore et encore. Malgré tout, deux décisions prises par le gouvernement démissionnaire dans le cadre du «choc des savoirs» ont survécu à la dissolution : le port de l’uniforme et l’interdiction effective des smartphones dans des écoles et des collèges. Avec modération toutefois, puisqu’il s’agit seulement d’expérimenter ces deux dispositifs. Nicole Belloubet a évoqué 200 collèges pour les smartphones et 90 établissements pour les uniformes.
Mais c’est un petit pas dans la bonne direction et nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous nous étonnons toutefois que l’expérience acquise et documentée dans ces deux domaines, aussi bien par les 7500 écoles privées sous contrat, que les 2600 écoles libres hors contrat, ait été négligée, voire ignorée. Le ministère y aurait trouvé des solutions variées, adaptées et éprouvées.
Pourquoi cette pusillanimité si l’on considère que les adolescents sont en danger (harcèlement, exposition à des contenus dangereux, baisse d’attention, perte de temps, etc.) ? Ne conviendrait-il pas au contraire de généraliser ces pratiques le plus rapidement possible grâce à l’expérience des écoles qui ont été précurseurs en la matière ?
Un autre point important à noter à l’occasion de cette rentrée est le nombre de fermetures de classes. Il est regrettable que ce sujet soit si peu évoqué. Il est question de plus de 3000 fermetures de classe dans le public et le privé sous contrat. Ce chiffre est lié à la baisse démographique constatée depuis le milieu du quinquennat de François Hollande. En 2010, il y avait en moyenne 2,03 enfants par femme contre 1,68 en 2023. Ce sujet n’est d’ailleurs pas seulement préoccupant pour l’école, mais également pour notre système de retraite puisque la France a «perdu» 400.000 élèves depuis 2017.
Ces fermetures de classes font ressortir avec encore plus d’acuité les 300 ouvertures de classes dans les écoles libres hors contrat, écoles qui accueillent de plus en plus d’élèves. Il s’agit, comme pour les autres écoles, du solde net puisque dix fermetures d’écoles libres hors contrat ont été recensées.
Comme la dénatalité est un problème général, la seule explication plausible de ce développement est la réalisation de la prédiction de Nicolas Baverez dans le Figaro du 24 avril 2023 : « La crise de l’école est devenue systémique. La France ne cesse de reculer dans le classement PISA, passant depuis 2000 des 15e et 11e aux 23e et 25e rangs en lecture et en mathématiques (…). Elle touche aussi les enseignants avec, d’un côté la progression des démissions et la pénurie des recrutements, et, de l’autre, l’écroulement de leur niveau (…). Les raisons sont à chercher dans une centralisation paralysante et l’absence d’autonomie des établissements (…). Alors que dans le monde entier, le succès de l’enseignement est fondé sur des établissements autonomes disposant d’un projet et d’une capacité à choisir leurs enseignants et leurs élèves, ce sont les algorithmes qui décident de tout dans notre pays (…). Le résultat de cette politique est connu. L’effondrement généralisé des établissements publics et privés sous contrat se traduira par l’essor du privé hors contrat ».
C’est peu de chose en regard des deux millions d’élèves scolarisés dans le privé sous contrat et des dix millions scolarisés dans le public, mais cette réaction saine va au-delà de ces écoles. Les courageux fondateurs et directeurs des établissements libres démontrent que rien n’est perdu et qu’il est possible d’obtenir d’excellents résultats avec des moyens parfois dérisoires.
Bien plus, il est prévisible que les écoles libres hors contrat finiront par être l’aiguillon qui hâtera la mise en place d’établissements publics autonomes. Les fondateurs des écoles libres considèrent souvent que leur mission est de compenser les institutions devenues défaillantes. La plupart seraient bien soulagés de laisser la place à ceux qui partagent avec eux la responsabilité d’éduquer et d’instruire. Mais combien de temps devront-ils patienter encore ?