3 septembre 2018

L’enseignement privé oui, mais lequel ? Parfois, un bon examen de conscience s’impose !

Les Echos Week-End du 31 août dernier se sont penchés sur les enjeux de l’enseignement privé en France : facilité d’accès, coût de la scolarité, sélection plus ou moins assumée, sacro-sainte règle “du 80/20”, diversification des pédagogies et du hors contrat -pour lequel Anne Coffinier, directrice de la Fondation pour l’école, a été interrogée… Enquête sur un secteur en pleine mutation, subie ou choisie.


Parents cherchent école privée désespérément

Parents cherchent école privée désespérément ©Federica Del Proposto pour les Echos Week-End

Pédagogies alternatives, programmes bilingues, volonté d’entre-soi… Le nombre d’écoles privées hors contrat a bondi de 14% l’an dernier. Focus sur un phénomène qui ne laisse aucun parent indifférent.

Quand on lui demande combien de familles n’ont pas pu obtenir de place en sixième pour cette rentrée scolaire, Patricia Caillot tourne les yeux vers une imposante pile sur son bureau. « J’ai une centaine de dossiers que je ne pourrai pas prendre », soupire la chef d’établissement. Le matin où nous la retrouvons, elle vient juste d’annoncer son départ de Saint-Louis, un groupe scolaire du XVIIIearrondissement parisien qui va de la maternelle au collège. Huit années durant, elle a poussé les murs pour accroître le nombre d’élèves et répondre à la popularité croissante du privé, comme en témoignent les deux cours de récréation perchées sur les toits. « J’ai ouvert une classe par niveau au collège mais nos locaux ne peuvent plus s’ouvrir davantage », assure celle qui vient de prendre les rênes d’un autre établissement privé catholique du XXe arrondissement.

Le collège Stanislas se situe à l’autre bout de Paris, à un jet de pierre du jardin du Luxembourg. Il a beau occuper un pâté de maison à lui seul – trois hectares de terrain, une véritable  ville dans la ville – la pile de dossiers est encore plus importante. Catholique et bicentenaire, il fait partie de ces grands établissements parisiens symboles d’excellence. « En sixième, nous avons 300 places : 120 élèves qui arrivent de nos classes de primaire et 180 qui viennent de l’extérieur. Nous ouvrons les inscriptions dès le 15 septembre. En 2017, nous avons reçu 330 demandes en seulement un mois », rapporte le directeur, Frédéric Gautier, dans un majestueux bureau. La sélection se fait sur le niveau scolaire, reconnaît-il, et sur la motivation.

UN SECTEUR PLUS OU MOINS SUBVENTIONNÉ

Les quelque 8 300 établissements scolaires privés sous contrat doivent accueillir les enfants sans distinction d’origine, d’opinion ou de religion et suivre les programmes officiels de l’Education nationale. En contrepartie, l’Etat rémunère les enseignants et les collectivités locales versent à l’établissement un forfait par élève.

Les quelque 1 300 établissements scolaires privés hors contrat ne sont pas obligés de suivre les programmes officiels, mais doivent permettre aux enfants d’acquérir les connaissances du socle commun. Ces établissements rémunérent eux-mêmes les enseignants et ne reçoivent pas de subventions publiques.

MÉTHODES ALTERNATIVES ET PROGRAMMES BILINGUES

©Federica Del Proposto pour les Echos Week-End

Si la demande de places dans le privé est clairement supérieure à l’offre, il est difficile de savoir combien de familles échouent à y entrer. Beaucoup ont tendance à multiplier les demandes, accentuant d’autant cette impression que le privé explose. Dans l’enseignement catholique, qui représente plus de 95% du privé sous contrat, on estime de 30 000 à 40 000 le nombre de familles en attente. « C’est un peu au doigt mouillé », prévient Pierre Marsollier, délégué général aux relations politiques du Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC). La défiance à l’égard de l’école publique semble s’accentuer : 41% des parents d’enfants scolarisés en école publique estiment qu’ils auraient plus de chance de réussite dans le privé, selon un sondage de l’Ifop commandé par la Fondation pour l’école en mai dernier.

Les effectifs s’en ressentent. En dix ans (2005-16), la part d’élèves scolarisés dans le second degré privé est passée de 20,5 à 21,2%, avec une progression plus notable au collège. En maternelle et primaire, ce sont les écoles hors contrat qui explosent. Celles-ci ont beau ne scolariser que 74 000 élèves sur plus de 12 millions, elles se multiplient comme des petits pains : 122 écoles « libres» ont encore ouvert à la rentrée dernière, soit une progression de 14%. La rigidité de l’Education nationale, la popularité des méthodes alternatives (Montessori, Freinet, Steiner-Waldorf, etc.), l’attrait des programmes bilingues, sans écarter la tentation de l’entre-soi, expliquent en partie la chose.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’augmentation analogue dans le privé sous contrat ? La réponse tient à une règle non écrite largement inconnue du grand public selon laquelle 80% des moyens financiers dédiés à l’éducation sont réservés au public et 20% au privé sous contrat. « Cela signifie que nous avons augmenté nos effectifs à moyens constants, souligne Pierre Marsollier, depuis le siège du SGEC, situé à deux pas du jardin du Luxembourg. Nous avons fait un énorme travail de redéploiement de nos moyens, qui a d’ailleurs été salué par la Cour des comptes. Mais là, on arrive au bout, sauf à prendre des décisions drastiques comme fermer des écoles. » Dans les endroits les plus sous tension, les classes sont déjà remplies au maximum.« Nous en sommes à 30 élèves par classe, nous ne pouvons pas faire plus », assure Patricia Caillot dans les couloirs de Saint-Louis. Peinte en rouge vif, la cantine est obligée d’assurer trois services pour accueillir tous les élèves.

Dans une des cours de récré de Saint-Louis, groupe scolaire sous contrat du XVIIIe à Paris © Julien Pebrel / M.Y.O.P.

MAINTENIR L’ÉQUILIBRE NATIONAL

La remise en cause du « 80/20 » est un sujet sensible. La prudence est extrême au sein du gouvernement, qui ne veut pas donner l’impression de vouloir favoriser le privé – Emmanuel Macron a fait sa scolarité chez les jésuites, Brigitte Macron a enseigné, entre autres au collège parisien Saint-Louis de Gonzague. Contacté, le cabinet de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, n’a pas souhaité aborder le sujet, renvoyant abruptement aux déclarations publiques du ministre. « Pour l’équilibre national, il est important de rester dans une certaine proportion. Cette dernière est aujourd’hui autour de 80 pour le public et 20 pour le privé sous contrat », avait estimé ce dernier dans une longue interview à L’Express, fin mai. « C’est une question ultrasensible, confirme Bernard Toulemonde, qui était au cabinet de l’ancien ministre de l’Education Jack Lang durant les négociations ayant mené à la mise en place du 80/20. Je ne sais pas si un gouvernement peut remettre en cause cette règle sans mettre le feu et réveiller la querelle scolaire. »

Hanté par le souvenir des grandes manifestations des années 80, aucun gouvernement n’a osé jusqu’ici toucher à cette clé de répartition. Mais le sujet revient régulièrement sur la table. Il a été abordé au sein du groupe d’étude sur l’enseignement privé de l’Assemblée nationale. « Nous n’avons pas encore formulé de proposition car nous avons d’abord besoin d’avoir un échange plus étroit avec le gouvernement sur cette question », indique son président, le député LR Patrick Hetzel.

AMÉLIORER LA MIXITÉ SOCIALE

©Federica Del Proposto pour les Echos Week-End

De son côté, Pierre Marsollier plaide pour une « forme de débordement » : « On pourrait isoler certains objectifs prioritaires de politique publique, comme la mixité sociale ou les Outre-mer, sur lesquels il y aurait des dotations spécifiques qui ne seraient pas comptabilisées dans le 80/20. » L’économiste Julien Grenet, qui a travaillé sur la mixité sociale à Paris, n’est pas contre un assouplissement de cette règle, mais propose une contrepartie : « Contrairement à beaucoup d’autres pays, il n’y a en France aucune régulation des inscriptions dans le privé, qui peut librement sélectionner ses élèves. Cela peut aboutir à des situations assez aberrantes comme à Paris, où le privé ne scolarise que 3% de collégiens de catégories socioprofessionnelles défavorisées, alors même qu’ils sont 17% à vivre dans la capitale. Si les collégiens parisiens dans le privé allaient dans leur établissement public de secteur, la ségrégation sociale serait divisée par deux. »

Le cas de Paris est extrême. Au niveau national, les collèges privés de l’enseignement catholique scolarisent 22,7% des élèves des classes populaires (ouvriers, chômeurs ou inactifs) et 30,1% des élèves de classes très favorisées (cadres, professions intellectuelles supérieures, professions libérales, chefs d’entreprise et enseignants), contre respectivement 42,2% et 18% dans le public. Ces statistiques nationales font oublier que dans certaines régions, la mixité est quasiment la même entre privé et public, comme en Bretagne. Dans d’autres, le privé accueille même plus d’élèves défavorisés, comme en Franche-Comté.

Pour répondre à une demande toujours croissante, Saint-Louis a dû pousser les murs… © Julien Pebrel / M.Y.O.P.

« L’ENTRE-SOI N’EST PAS ÉDUCATIF »

« On constate que cette question de mixité sociale est compliquée dans les endroits où il y a une forte pression démographique », explique Sylvie Da Costa, chercheuse en sciences de l’éducation, missionnée par le SGEC pour étudier la mixité dans l’enseignement catholique. C’est le cas dans les centres-villes, où les demandes sont telles que les chefs d’établissement doivent faire une sélection. À la tête du groupe scolaire Saint-Louis, qui compte 16% de collégiens de classes populaires, Patricia Caillot a fait le choix d’être « à l’image du quartier »« Nous avons une grande mixité sociale, avec des élèves de la butte Montmartre et d’autres de la porte Montmartre, voire de Saint-Ouen et de Saint-Denis, explique-t-elle. Une grande mixité scolaire aussi, avec des élèves très brillants et d’autres en grande difficulté. » Dans son bureau, comme un peu partout dans le reste de l’école, est inscrite la devise de l’établissement : « Ensemble dans l’effort pour réussir ».

À Stanislas, la mixité est encore très limitée. Le pourcentage de collégiens de classes populaires se situe un peu en dessous de la moyenne parisienne de 3%. L’établissement compte 145 élèves boursiers sur 3 500 et le total des bourses et réductions accordées aux familles nombreuses s’élève à 600 000 euros par an. À partir du lycée, « l’internat participe à l’ouverture sociale, se défend le directeur Frédéric Gautier. Nous n’avons pas que des familles parisiennes mais aussi des enfants d’agriculteurs, de petits commerçants, d’artisans… ».

Le Secrétariat général de l’enseignement catholique, qui n’a qu’une autorité morale sur les chefs d’établissement, affiche une « forte volonté politique » de travailler sur la mixité sociale et scolaire. « Nous avons la conviction profonde que l’entre-soi n’est pas éducatif », martèle Pierre Marsollier. La mission menée par Sylvie Da Costa devrait faire des propositions en ce sens à la rentrée prochaine. « L’enseignement catholique essaie de redresser la situation mais il se heurte à un phénomène social : les gens recherchent un entre-soi et ont une trouille bleue des enfants issus de l’immigration », dit crûment Bernard Toulemonde. Une analyse partagée par Julien Grenet, qui n’hésite pas à parler « d’évitement »et même de « séparatisme social », bien qu’il existe d’autres raisons pour lesquelles les parents mettent leurs enfants dans le privé, comme le motif religieux.

UN RÉEL EFFET SOCIO-ÉCONOMIQUE

Lever des couleurs (France, Europe, école) et uniforme à l’école privée hors contrat Antoine de Saint-Exupéry à Asnières-sur-Seine © Julien Pebrel / M.Y.O.P.

À noter qu’en France, le privé est d’autant plus attractif qu’il est massivement subventionné par la puissance publique. « Le coût du privé sous contrat est faible en France par rapport à d’autres pays : il se situe généralement entre 1 000 et 3 000 euros l’année, contre 10 000 en Angleterre ou aux Etats-Unis. C’est parce que les trois quarts sont pris en charge par l’Etat et les collectivités territoriales », souligne Julien Grenet. À cela s’ajoute un « aspect trompeur » qui dope la popularité du privé : « ses meilleurs résultats, qui s’expliquent presque intégralement par son recrutement social élitiste », complète Julien Grenet . La France est la championne des inégalités sociales. C’est le pays de l’OCDE où l’origine sociale joue le plus grand rôle dans la réussite scolaire. Les études Pisa montrent que les enfants scolarisés dans le privé réussissent mieux que ceux dans le public mais quand on retire l’effet socio-économique, cet avantage disparaît, confirme Eric Charbonnier, analyste à la direction éducation à l’OCDE.

C’est avec la volonté de combattre ces inégalités sociales et de répondre à « une véritable urgence éducative dans les quartiers difficiles » qu’Eric Mestrallet a lancé Espérance Banlieues fin 2011. Sept ans plus tard, le réseau compte 16 écoles privées hors contrat, dont le Cours Antoine-de-Saint-Exupéry, qui a ouvert ses portes à Asnières en 2015. Les élèves sont en uniforme – polo blanc et pull bordeaux pour les filles, vert pour les garçons. Au signal du directeur, ils se réunissent et s’immobilisent face aux professeurs. « Kera, je vous appelle car je trouve que vous êtes toujours très sérieuse dans votre travail », dit une enseignante. « Yacine, je vous appelle pour vous remercier d’avoir emmené un petit groupe d’élèves à la maison de retraite hier », renchérit une autre. Les élèves méritants, six ce jour-là, ont le privilège de lever les trois drapeaux (français, européen et de l’établissement) au moment où tout le monde entonne en choeur le premier couplet de la Marseillaise.

Cours Antoine de Saint-Exupéry à Asnières-sur-Seine © Julien Pebrel / M.Y.O.P.

BOUSCULER LES MODÈLES

Les classes n’accueillent pas plus de 15 élèves, ce qui permet de cultiver « l’esprit de cocon »et d’adapter les méthodes pédagogiques à chacun. « On développe une plus grande proximité avec les élèves », témoigne Clarisse, enseignante en CE2. Professeur des écoles dans le privé sous contrat, elle a pris une disponibilité d’un an pour venir « mettre son expérience au service de ceux qui en ont le plus besoin ». Au terme de l’année scolaire, elle retient des rencontres très riches entre élèves et parents, une équipe pédagogique très soudée et un véritable esprit de bienveillance. « Espérance Banlieues a trouvé une clé », juge-t-elle. « On bouscule le modèle, renchérit Eric Mestrallet. Il y en a certains qui considèrent que nous remettons en cause l’école de la République, mais ce que nous voulons c’est seulement l’enrichir dans les endroits où elle ne fonctionne pas très bien. »

Un réseau qu’Eric Mestrallet veut développer au cours des prochaines années pour atteindre le nombre de 200 écoles : « On a une quarantaine de projets dans les tuyaux : une dizaine assez mûrs et une trentaine de manifestations d’intérêts. » Mais son ambition sera impossible à réaliser sans financements publics… Pour l’instant, les écoles du réseau reposent sur la générosité de particuliers et d’institutionnels ainsi que sur une contribution des parents (75 euros par mois au Cours Antoine-de-Saint-Exupéry).

Une solution serait de passer sous contrat au bout de cinq ans d’existence mais le fondateur d’Espérance Banlieues s’y refuse, préférant conserver « le recrutement libre des professeurs et le choix de progressions pédagogiques adaptées aux enfants »« Cette logique sous contrat/hors contrat n’est plus adaptée aux enjeux éducatifs que nous avons en banlieues aujourd’hui.

Pourquoi ne pas imaginer une forme de conventionnement avec l’Etat ? » suggère-t-il. Directrice de la Fondation pour l’école, qui subventionne une centaine d’écoles indépendantes, Anne Coffinier rêve aussi de « faire sauter le 80/20 »« Le système actuel est complètement anachronique et contre-productif. Est-ce le statut d’une école qui doit fonder la légitimité du financement ? À notre époque, ce sont la performance académique et la popularité auprès des familles qui devraient guider l’attribution des fonds », affirme-t-elle. Fervente partisane du libre choix de l’école pour les familles, elle juge que le système actuel a tout d’une « économie de la rente » : « C’est confortable pour le public, qui n’est pas mis en péril par la concurrence du privé sous contrat, puisqu’elle est limitée. C’est également confortable pour le privé qui peut se contenter de sélectionner pour avoir de meilleurs résultats. » Une vision quelque peu caricaturale mais qui permet de comprendre le maintien du statu quo.

PETITS PAS RÉGLEMENTAIRES EN FAVEUR DU PRIVÉ

1833 : La loi Guizot autorise la création d’écoles privées dans le primaire.

1850 : La loi Falloux permet l’existence d’établissements privés dans le secondaire.

1859 : La loi Debré définit le contrat d’association entre l’Etat et les établissements privés et prévoit la mise à disposition de moyens financiers pour répondre à un « besoin scolaire reconnu ».

1984 : Devant l’importance des manifestations, Alain Savary retire son projet de réforme sur le regroupement des enseignements privés et publics.

1992 : Accord passé entre le ministre de l’Education Jack Lang et le père Max Cloupet, secrétaire général de l’enseignement catholique, sur la règle du 80/20 (20% des postes réservés au privé, 80% au public).

2018 : La loi Gatel renforce le régime d’ouverture et de contrôle des établissements scolaires privés hors contrat.

 


LES ENTREPRENEURS S’Y METTENT

À la tête de la Fondation pour l’école, Anne Coffinier voit passer beaucoup de ceux qui souhaitent créer une école indépendante. Ces dernières années, elle a constaté une évolution des profils: « Il y a une nouvelle génération de personnes qui viennent du monde des affaires. Elles sont en quête de sens et vivent de manière très décomplexée le fait d’appliquer les recettes, les techniques et le professionnalisme propres à l’entreprise à un secteur comme l’éducation. » Mathieu Quéré en fait partie. Ancien président de Buffalo Grill, il prévoit d’ouvrir en septembre 2019 une école bilingue en région parisienne. « Le coeur du projet est d’offrir à la fois une réelle maîtrise des fondamentaux, des pédagogies innovantes et un apprentissage précoce de l’anglais avec un cursus à moitié en français et à moitié en anglais », explique-t-il. Pour en assurer le financement, un premier tour de table a déjà été mené à bien et une seconde levée de fonds est prévue.

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