#EcoleHorsContrat : Quand l’école vacille

French Education minister Najat Vallaud-Belkacem (C) speaks during a session of questions to the government on June 15, 2016 at the French National Asssembly in Paris. / AFP PHOTO / PATRICK KOVARIKLiberté Scolaire se fait l’écho de la tribune rédigée par Rémi Sentis sur le site d’information Aleteia.

Parmi les objectifs du ministère et de syndicats enseignants, deux constantes : faire advenir le merveilleux projet de l’élève-citoyen et tout faire pour empêcher les enfants d’échapper aux mailles du « grand service public unifié » de l’éducation en gestation. La ministre s’active donc pour complaire à ce microcosme syndical et tenter de faire oublier les affres de la future réforme des collèges.

Restreindre la liberté de choix des parents

En premier lieu, elle veut restreindre la liberté de choix des parents qui cherchent désespérément à échapper au collège public. En effet, dans l’enseignement privé sous contrat, le ministère bloque les créations de classes et le temps d’attente pour y obtenir une inscription peut devenir sidérant (plus de deux ans dans certains cas) ; les parents se tournent donc de plus en plus vers l’enseignement hors contrat. On y dénombre 60 000 élèves sans compter l’enseignement à domicile. Cette fuite des élèves, conséquence de la politique du Ministère depuis trente ans, insupporte les enseignants du public ; c’est pourquoi la ministre vient de décider d’entraver la liberté d’ouvrir des établissements hors-contrat.

Alors que la faillite du collège unique est avérée – près de 20% d’élèves sortant du collège étant illettrés, d’après les sources provenant des tests JAPD – le ministère devrait plutôt favoriser le hors-contrat ; en effet les résultats des élèves en difficulté y sont bien meilleurs parce que les enseignants y sont plus motivés et les méthodes pédagogiques, moins dogmatiques.

L’éducation aux médias

Par ailleurs, la ministre veut maintenant imposer au collège une « éducation aux médias » selon les oukases de Peillon qui expliquait en 2013 : « Avec le service public du numérique éducatif qui mettra en ligne des ressources pédagogiques et des logiciels… l’école pourra apporter aux élèves une véritable éducation aux médias, clé de la citoyenneté à venir ». Cela complète l’ensemble des voies sur laquelle l’école doit s’engager : « l’éducation à la santé », « l’éducation à la sexualité », bientôt « l’éducation à l’égalité réelle », tout cela devant concourir à « l’éducation à la citoyenneté », clé de voûte de l’idéologie de « l’enseignement moral et civique ».

On a eu quelques précisions sur cette éducation aux médias au détour d’un interview (Le Monde du 21 avril) où Madame Vallaud-Belkacem vantait la bienfaisante distribution des « tablettes » dans les colléges et affirmait que sur ces dernières outre les ressources téléchargées à la demande de l’enseignant, le collégien disposera « des principaux journaux, en version numérique ». La justification officielle est pavée de bonnes intentions : le collégien doit porter attention aux « canaux de diffusion » utilisés par les médias et doit apprendre à se mouvoir dans un univers « dominé par les médias, à résister aux manipulations de toutes sortes, confronter les sources, se forger une opinion personnelle, affirmer ses goûts, réinvestir les codes pour pouvoir soi-même les utiliser et s’exprimer librement ».

Certes, l’objectif d’apprendre aux élèves à opérer avec discernement sur Internet est louable, mais que viennent faire les journaux là-dedans ? Cette diffusion de journaux aux collégiens conduira-t-elle à un meilleur accès à la littérature ? Par ailleurs, qui choisira les articles ou les journaux ? Pourquoi les parents seront-ils complètement court-circuités ? Qui gérera les autorisations de téléchargement ? Les professeurs pourront-ils obliger les élèves à lire certains de ces articles ? Autant de questions dont on n’a pas la moindre réponse. On sait seulement que tout cela se fera grâce à « la collaboration avec les acteurs de l’image, du cinéma, du numérique » notamment le service public de l’audiovisuel ; ce dernier aura donc la charge d’étiqueter certains articles comme « citoyen », cataloguer d’autres comme « non-citoyen », de marquer certains comme véhicules de préjugés familiaux, sexistes, populistes ou autres. Outre l’analyse des messages médiatiques, l’éducation aux médias doit aussi permettre d’encourager « la production d’informations par les élèves », de créer un journal de classe, de faire de la création artistique numérique et surtout « d’ouvrir des débats » dans le cadre des futurs E.P.I., les tristement fameux enseignements pratiques interdisciplinaires. Tout un programme !

Discernement vis-à-vis des contenus sur Internet

Pour conclure, revenons à la question discernement vis-à-vis des contenus sur Internet qu’il convient d’inculquer aux adolescents. C’est aux familles que revient cette responsabilité, même si celles-ci par l’intermédiaire des associations familiales ou de parents d’élèves peuvent inciter les enseignants à prendre le relais. Il faut en particulier rappeler que tout ce qui se trouve sur Internet est sujet à caution et que la première chose à faire en face d’une information trouvée sur un site est de savoir si celui-ci est recommandé par des personnes fiables (d’où le rôle des parents et des associations).

Il s’agit en fait de former l’élève à la vertu de prudence qui va lui permettre d’acquérir du discernement. Cette prudence est le but de l’éducation. Elle est, selon Aristote, « connaissance des cas particuliers, lesquels deviennent connus du fait de l’expérience, alors que le jeune n’a pas d’expérience. Et c’est la longueur de temps qui produit l’expérience ». Ou encore, selon saint Augustin, « la prudence, c’est l’amour faisant un choix judicieux de ce qui peut lui être utile à l’exclusion de ce qui peut lui être nuisible…, c’est l’amour discernant judicieusement ce qui peut nous aider à arriver à Dieu ».

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