Des Sénateurs veulent interdire l’école à la maison et tuer l’enseignement par correspondance

TITREUne proposition de loi interdisant l’école à domicile, et tuant par voie de conséquence aussi l’enseignement à distance, a été déposée au Sénat le 18 décembre dernier (http://www.senat.fr/leg/ppl13-245.html) par un groupe de sénateurs UMP. Le seul cas où l’instruction hors école serait autorisée serait celui d’une maladie ou d’un handicap physique ou mental si grave qu’il rend « impossible » une scolarisation en structure collective. Bref, d’un noble droit, l’instruction à domicile se voit transformée en exception honteuse sur le banc des accusés.

Cette  proposition de loi doit être combattue par toute personne attachée à la liberté scolaire. Elle fait changer la France de régime en matière d’éducation : on passerait d’un régime d’instruction obligatoire à une régime de scolarisation obligatoire en structure collective. Elle viole un principe constitutionnel français (liberté d’enseignement, intégrée au bloc de constitutionnalité en 1977) ainsi que l’article 26-3 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 : «  Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ».

Le prétexte invoqué est d’assurer la socialisation des enfants. Il ne tient pas. Les études américaines montrent que les enfants ayant étudié à la maison sont au moins aussi doués pour les relations sociales que les autres. Le  fort développement actuel de la pathologie intitulée la phobie scolaire montre a contrario que l’école peut être une cause directe de désocialisation.

Cette proposition de loi repose bien plutôt sur une suspicion de principe à l’égard des parents et une idéalisation irréaliste de l’Etat éducateur. Vu les résultats académiques de l’Education nationale en France, c’est quand même hautement paradoxal.

Il nous semble aussi que cette proposition découle d’une vision faisant primer la fonction politique de l’école (qui serait d’assurer le vivre ensemble et une égalitarisation de la société, même si cela doit se faire par un nivellement par le bas) sur sa mission classique  qui est tout simplement d’instruire. Les parents sont attachés à cette conception traditionnelle de l’école – transmettre des connaissances – et sont en profond décalage avec les élites politiques qui, sous l’influence des sciences de l’éducation,  sont surtout préoccupées d’instrumentalisation de l’école  à des fins politiques : faire advenir un homme nouveau,  qui ne soit  surtout pas un héritier, mais bien plutôt un citoyen arraché à tous les « déterminismes » sociaux, familiaux, culturels, religieux suite à l’action de l’Etat.

Avec Condorcet, nous pensons que la concurrence de l’école publique est une condition sine qua non de la qualité de toute école d’Etat, laquelle a besoin d’être stimulée de l’extérieur pour maintenir un haut niveau scolaire et  éviter tout sectarisme.

Anne Coffinier, directeur général de la Fondation pour l’école

anne.coffinier@fondationpourlecole.org

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