30 août 2011

Des sacrifices importants pour un projet très exaltant

Témoignage d’un président d’association gestionnaire d’une école hors contrat, créée voici six ans.

« Franchement, moi, comme père de quatre enfants, je ne vois vraiment pas ce que je fais comme président d’une association qui gère une école indépendante d’une cinquantaine d’élèves ! J’ai un travail qui me prend déjà beaucoup et là, je me rajoute des centaines d’heures dans l’année. Cette semaine, par exemple, j’ai eu le Conseil d’Administration de l’École, un rendez-vous avec un électricien pour les locaux, la visite d’une autre école hors contrat avec les institutrices pour prendre des idées pédagogiques… sans compter les nombreux coups de fil.

Mais voilà : nos enfants sont une priorité ; nous voulons qu’ils puissent apprendre à lire, à écrire et compter selon nos vœux et qu’il y ait cohérence entre ce qu’ils vivent à la maison et à l’école.

Les parents qui nous ont rejoints au fil des années font un effort important : par exemple, sacrifice financier (on paie l’école dans nos impôts et on repaie !), ou sacrifice du “je sors du système”. Car être à part n’est pas un objectif !

Une école comme la nôtre ne marche donc que parce qu’il y a dons de temps, d’argent et de compétences. Je pense aux membres du Conseil d’Administration, au trésorier bénévole, à la directrice bénévole, aux parents qui viennent bricoler et bien sûr, au premier chef, à nos institutrices – elles touchent 110% du Smic. C’est cette logique exigeante mais partagée entre tous qui donne un esprit particulier et paisible. Nous le sentons jusque dans la cour de récréation où les enfants montrent souvent beaucoup d’attention les uns pour les autres.

Il est vrai que les petits effectifs en classe aident. Mais ce point essentiel nous cause aussi un souci… financier ! Une approche purement gestionnaire nous inciterait à dépasser les 20 élèves par classe. Mais l’idée n’est pas de faire du nombre : nous ne voulons pas perdre en qualité de suivi des élèves. Les économies d’échelle sont donc très difficiles à réaliser.

Cette précarité est parfois fatigante, mais c’est elle qui nous pousse à aller de l’avant, à ne pas être des écoles du passé mais bien des “labos” innovants sur le plan pédagogique : par exemple, par la prise en compte d’apports récents sur le fonctionnement du cerveau – nous utilisons la méthode de lecture de Ghislaine Wettstein-Badour, et par le partage d’expériences entre professionnels. La visite que j’évoquais à l’instant dans autre école hors contrat nous a sensibilisés à l’acquisition de matériel Montessori qui permet une expérimentation manuelle et sensorielle, préalable à l’abstraction chez l’enfant.

Pour ce projet hyper-exaltant, nous allons donc rester sur la brèche, continuer à chercher des soutiens et des dons. L’enjeu est d’une grande dignité. »

Propos recueillis par Joseph Bibardière

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