Débat Alain Juppé / Anne Coffinier : peut-on libérer l’école ?

le 16 septembre 2016, Rencontre / Débat entre Alain juppé et Anne Coffinier poru le magazine Famille chrétienne.

le 16 septembre 2016, Rencontre / Débat entre Alain juppé et Anne Coffinier poru le magazine Famille chrétienne.

Candidat à la primaire de la droite, Alain Juppé a publié un livre-manifeste* sur l’éducation. Anne Coffinier est directrice de la Fondation pour l’école, dont le but est de rénover le système éducatif via la création d’écoles libres. Comment réformer un système scolaire en panne ? Le premier se méfie de la « grande réforme » qui met tout le monde dans la rue. Pour la seconde, tant qu’à susciter la contestation, autant réformer vraiment.

La droite ose rarement revenir sur les réformes de la gauche. Garderez-vous la réforme du collège, toujours très contestée par les professeurs et les parents ?
AJ : En l’état, certainement pas. Mais bien que les grands chamboulements soient à la mode, je ne souhaite pas repartir à zéro. Quand j’écoute les enseignants, je me dis qu’ils ont aussi besoin de stabilité. Dans cette réforme, il y a un ou deux points qui m’avaient parus intéressants. Le premier c’est la marge d’autonomie laissée aux établissements pour utiliser leur dotation horaire de façon à l’adapter à la réalité du terrain. Je propose même d’aller beaucoup plus loin en étendant cette autonomie à la totalité de la dotation horaire globale des établissements du second degré. Le second, c’est l’idée qu’il faut renforcer tout ce qui est soutien, accompagnement, personnalisation des parcours.
En revanche il y a dans cette réforme des choses inacceptables qu’il faudra revoir, parce qu’ils traduisent cette méfiance incompréhensible envers l’élitisme et l’excellence. Pour moi l’égalité, ce n’est pas de raboter ceux qui peuvent aller plus loin, mais de pousser ceux qui sont en retard. Or ce n’est pas du tout la philosophie de cette réforme. Par exemple, la disparition des classes européennes et celle des classes bilangues, même s’il y a eu un rétropédalage très inégalitaire, ainsi que le sort du latin qui a été fondu dans un EPI (Enseignement pratique interdisciplinaire) dont on ne sait pas très bien ce qu’il va devenir. Le latin est pourtant une chance pour tous ceux qui peuvent en faire : d’abord parce qu’on peut difficilement enseigner notre langue sans avoir au moins une connaissance un peu approfondie du latin qui est sa matrice. Ensuite parce que l’apprentissage du latin est aussi une méthode à acquérir et une formation de l’esprit.

AC : Revenir sur la réforme du collège et des rythmes scolaires est la moindre des choses, mais il nous faut être plus ambitieux : expurger le socle commun de connaissances et les programmes de tout charabia et de toute idéologie et les reformuler de manière concise et rigoureuse; évaluer les professeurs non plus sur leur zèle à appliquer les méthodes pédagogiques décrétées par l’Education nationale mais sur leur capacité à faire progresser effectivement leurs élèves, grâce à l’instauration de tests nationaux annuels ; recruter parmi les meilleurs professeurs repérés grâce à ces tests les futurs directeurs et formateurs de professeurs; donner enfin la liberté aux Français de choisir l’école de leur enfant, qu’elle soit publique ou privée, confessionnelle ou pas, sans subir des quotas ou des discriminations financières iniques. Voilà les changements susceptibles de nous sortir du marasme éducatif. Quel est pour vous le statut de l’Enseignement catholique aujourd’hui ? Est-il simplement toléré ou pleinement reconnu par la République ?

AJ : J’ai défilé à Versailles en 1984 pour défendre l’école libre. Je suis très attaché à la liberté fondamentale qu’est le libre-choix de l’école. Les Français sont descendus massivement dans la rue pour le demander. Et surtout il ne faut pas rouvrir ce débat. La grande difficulté est de concilier cette liberté et un certain nombre de règles qui caractérisent le Service public avec le caractère propre de l’Enseignement catholique, enseignement qui perd son sens s’il n’a pas un caractère propre. Quand un enseignant va dans ces écoles, il doit normalement adhérer à ce projet particulier. Il faut maintenir et protéger cela. Il y a suffisamment de garde-fous sur la formation des professeurs, les programmes, pour que l’enseignement catholique soit parfaitement compatible avec les principes du service public. C’est ma conviction : le service public peut être assuré par des organismes de droit public, ou par des organismes de droit privé. Pardon de cette comparaison qui vous choquera mais une délégation de service public, c’est aussi une participation au service public.

AC : Lorsque l’Eglise enseigne, elle ne le fait pas en tant que délégataire de service public, mais de sa propre autorité, parce qu’elle est chargée par Dieu d’une imprescriptible mission d’intérêt général. La fondatrice de l’Université n’a pas besoin du « garde-fou » des programmes fixés par l’Education nationale !

AJ : Vous ne pouvez pas nier que dans les écoles catholiques sous contrat, on applique les programmes de l’Education nationale et les élèves passent les mêmes examens, non ? C’est de cela dont je parle. A partir de là que l’on ait une liberté pour transmettre d’autres messages ou d’autres valeurs, c’est naturel. Si je reconnais une autonomie aux établissements publics, je le fais a fortiori pour les établissements catholiques sous contrat !

AC : L’Education nationale empiète de plus en plus sur les libertés pédagogiques de l’Enseignement catholique, surtout qu’elle prétend se mêler toujours plus d’éduquer (ou de rééduquer !) les consciences. Sa liberté pédagogique est amputée, comme ce fut le cas pour le gender, la réforme du redoublement ou du collège avec la fin du latin-grec etc. Le nouveau programme de SVT de 4ème organise ainsi un véritable viol des consciences. Le manuel d’Hatier demande ainsi aux élèves de se mettre personnellement dans la peau d’un médecin et de proposer la méthode de procréation artificielle la plus pertinente à un couple dont il connait la cause d’infertilité. L’intitulé officiel du programme sur la reproduction est explicite : « expliquer sur quoi reposent les comportements responsables dans le domaine de la sexualité : fertilité, grossesse, respect de l’autre, choix raisonné de la procréation, contraception, prévention des infections sexuellement transmissibles. » Il ne s’agit plus d’instruire objectivement mais de « formater » la conscience morale des mineurs.
Vous évoquez la liberté de choisir l’école de ses enfants. Mais celle-ci n’est pas respectée en France puisque le privé sous contrat est saturé, car il est cantonné à 20% des postes d’enseignants du public. Est-ce juste ?

AJ : Ce chiffre de 20% n’a pas de valeur légale. Il s’agit d’une pratique. Rien n’empêche de rééquilibrer les choses. Il faut aller dans cette direction. A Bordeaux ma politique consiste à viser l’égalité de traitement entre le public et le privé qu’il s’agisse du forfait communal ou de l’équipement numérique. Cela dit le clivage persiste et parfois de manière déchainée. Une partie de mon opposition – les Verts en l’occurrence – vote systématiquement contre.

AC : Oui, ces 20% sont profondément scandaleux. Au nom de quoi l’Etat organiserait-il la pénurie de places dans le privé alors que, selon les sondages, 60% des Français voudraient y scolariser leurs enfants ? Supprimer ce verrou des 20% ne rallumera pas la guerre scolaire. Les Français veulent pouvoir choisir.

AJ : Il y a aussi des établissements publics de qualité !

AC : Bien sûr mais les parents sont aussi titulaires d’un droit constitutionnel non négociable à choisir l’éducation et donc l’école de leurs enfants. Le droit à une éducation de qualité passe aussi par la faculté d’accéder à une école privée. Il ne faudrait pas que seuls les privilégiés puissent choisir. Les pauvres aussi doivent pouvoir scolariser leurs enfants dans une école catholique !

AJ : Une famille installée aux Aubiers, un quartier populaire de Bordeaux, ne raisonne pas comme cela.

Que pensez-vous de l’essor des écoles indépendantes qui ne reçoivent aucun argent public ?

AC : 93 écoles indépendantes supplémentaires ont ouvert cette rentrée, soit une croissance annuelle de 12% du nombre d’écoles! C’est une chance pour la France car ces écoles sont libres de leurs méthodes éducatives et pédagogiques et offrent donc une vraie alternative aux familles. Ces établissements n’ont pas peur de s’implanter au cœur des quartiers défavorisés. La carte scolaire et le verrou des 20% pour les écoles privées sous contrat génèrent de la désespérance. Les parents sont prêts aux sacrifices les plus fous – voire à l’instruction à domicile – pour trouver une école qui donne de bonnes chances de réussite à leurs enfants.

AJ : Il y a souvent un aspect religieux dans ce choix… Je connais un excellent imam à Bordeaux qui a ses enfants dans l’école catholique sous contrat. Tout simplement parce qu’il ne veut pas que sa fille soit obligée de quitter son foulard à l’école. Sans doute aussi est-il convaincu de la qualité de l’enseignement et de l’approche judicieuse du fait religieux dans le monde.

Quelle est la frontière entre l’égalité et l’égalitarisme ?

AJ : Pour moi l’école a pour mission de corriger les inégalités dès les petites classes. Pour autant je ne suis pas égalitariste et je conteste la nécessité de raboter les meilleurs. Moi-même je suis un pur produit de la méritocratie républicaine.

AC : Je partage votre goût pour la justice et moi aussi d’ailleurs je suis un pur produit de l’école publique et même de l’enseignement supérieur public ! Mais justement, le meilleur moyen de lutter contre les inégalités sociales est de rendre aux Français une école publique qui fonctionne, donc qui instruise. Il y a 40% d’enfants en échec en fin de CM2, et notre système est celui de l’OCDE dans lequel les origines sociales pèsent le plus sur la réussite scolaire. C’est bien la preuve que le politique égalitariste menée depuis 30 ans a échoué.

AJ : Je suis pour la personnalisation du parcours scolaire tout au long du parcours scolaire et dès la maternelle.

AC : Mais ça ne marche pas tant qu’on reste au sein de l’Education nationale ! L’idée est belle mais dans la réalité les syndicats s’opposent à toute différenciation des parcours. L’Education nationale n’arrive pas à tolérer en son sein de vraies libertés. Elle coule tout dans un moule identique, comme en témoigne la réforme du collège qui a étendu à tous les heures de soutien personnalisé!

AJ : Je n’ai pas l’intention de donner toutes les clés aux syndicats !

Quelle est votre définition de la laïcité dans le champ scolaire ?

AJ : Je suis très attaché à ce principe. Je veux parler de la séparation du spirituel et du temporel. Le fait de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Aucune religion ne peut imposer ses canons à la loi civile comme en Angleterre où certains tribunaux appliquent la charia dans les relations matrimoniales ! Cela je n’en veux pas en France ! Il y a aussi la liberté religieuse. Cet apaisement est capital. La République a fait cela avec les Juifs au XIXe siècle. L’Eglise catholique a fait le bras de fer avec la République jusqu’en 1905. Il a fallu Léon XIII pour en sortir. L’islam doit faire ce passage à son tour. L’islam qui reconnaît la République doit s’organiser. A Bordeaux si j’ai un problème je vais voir l’archevêque – avec lequel j’ai de bonnes relations – mais avec l’islam c’est plus compliqué. Tareq Oubrou ne représente que lui-même. Je lance un appel aux musulmans républicains pour que soit mise en œuvre une charte de la laïcité. Qu’est-ce que cela veut dire dans le domaine scolaire ? Dans l’enseignement public je suis favorable à l’interdiction des signes ostensibles. Ce sont de jeunes esprits qui n’ont pas encore leur liberté de jugement. Cela dit le foulard ne me semble pas un scandale à l’université. Aujourd’hui la question de l’islam se pose sur fond d’une grande tension. On devient fou. Je suis favorable à l’enseignement des religions à l’école. Cela relève du domaine de l’histoire. Moi je n’ai jamais entendu parler du Coran à l’école.

AC : Ce n’est plus le cas aujourd’hui : tous les élèves étudient l’islam en 5e depuis des années déjà !

AJ : A propos des écoles confessionnelles je ne suis pas pour « l’autorisation préalable » avant toute ouverture d’établissement que veut le gouvernement. Cela va rallumer une sorte de guerre scolaire. Moi je préconise d’en rester à la déclaration à condition de multiplier les inspections. Si l’école consiste à ânonner le Coran matin midi et soir ce n’est pas de l’enseignement !

AC : Nous ne sommes pas favorables non plus à l’autorisation préalable. Plus la marche sera haute pour ouvrir une école, plus il y aura des écoles musulmanes clandestines, soustraites à tout contrôle. Le gouvernement n’a pas pris la peine d’étudier les conséquences de cette réforme avant d’en faire l’annonce.

Pourquoi faut-il enseigner le récit national à l’école ?

AJ : Je suis content que vous ne me parliez pas de roman national. L’histoire est une science, une science humaine j’entends. C’est aux historiens d’écrire l’histoire et pas à l’Assemblée nationale ni aux partis politiques. Bien entendu on peut donner des orientations pédagogiques, les grandes dates, et les grands personnages. Nul besoin pour cela d’inventer un roman national : notre histoire est riche et belle. Enseignons-la avec fierté, au lieu d’enseigner une histoire de la repentance.
L’enseignement de l’économie souffre d’ailleurs de la même caricature quand on présente le capitaliste avec un cigare et un gros ventre ! Les programmes étaient presque marxistes il y a quelques années…

AC : Tout à fait d’accord, ce qui signifie qu’il faut en finir avec l’instrumentalisation mémorielle de l’enseignement de l’histoire. Le cours d’histoire est destiné à faire connaître et aimer la France telle qu’elle est, non pas à apprendre aux enfants à battre la coulpe de leurs ancêtres. Il y a aussi l’enjeu du choix des manuels scolaires. Seuls les grands éditeurs peuvent placer leurs produits. Et le choix du manuel sera examiné à la loupe par les inspecteurs, ce qui pousse les enseignants à des choix peu audacieux. Ceux qui plaisent le plus aux syndicats sont finalement choisis. Et les syndicats sont marxisants…

AJ : Je suis optimiste. Mon projet pour l’école, qui n’a rien de gauchiste, a recueilli de nombreux soutiens dans le milieu enseignant.

Quelle autonomie pour les établissements scolaires ?
Vous proposez la totale maîtrise de la dotation horaire par les établissements, qu’entendez-vous par là ?

AJ : Le plus important est d’affirmer l’absolue nécessité de décentraliser notre système beaucoup trop jacobin, sans gestion moderne des ressources humaines, où l’on veut imposer partout exactement les mêmes modules. Je plaide pour cette déconcentration et une très large autonomie. Je sais que ce mot séduit, parce qu’il est synonyme de liberté et de dynamisme, mais qu’il fait peur aussi. Les professeurs ont une sainte peur de se retrouver caporalisés par un chef d’établissement qui serait le seul maître à bord. Je propose de créer un conseil éducatif d’établissement composé d’une dizaine de professeurs élus par leurs pairs, qui donnerait son avis sur le choix du chef d’établissement à partir des propositions du recteur ainsi que sur celui des professeurs car nous avons besoin de davantage de postes à profil (choisis en fonction du projet d’établissement, ndlr). Ce conseil serait gestionnaire de la dotation horaire globale en choisissant plus ou moins d’heures de maths, de français ou de langue en fonction des besoins. Tout cela serait encadré par un contrat d’objectif passé avec le recteur. J’ajoute que ce système serait proposé aux établissements sur la base du volontariat.

AC : Il faut aller plus loin et confier au Conseil d’administration de chaque école le recrutement du directeur, sans intervention du rectorat. Tous les professeurs (et non une partie) doivent être recrutés par le directeur, à partir de leur libre candidature et non des recommandations de l’Education nationale. Avec évidemment un système d’évaluation responsabilisant. C’est la question la plus délicate si l’on ne veut pas encourager à un bachotage étroit (le désastreux teaching to the test). Une vraie évaluation doit être indépendante, et non pas réalisée par le Ministère de l’Education nationale, manifestement juge et partie. Il convient aussi d’alléger le socle commun des connaissances qui est trop détaillé et prescriptif, pour revenir à des objectifs clairs et ramassés , sans jargon, qui laissent toute liberté sur la progression pédagogique pour les atteindre. L’Etat doit cesser de donner d’une main une marge de manœuvre qu’il reprend de l’autre, en imposant des thèmes d’étude, des collaborations, voire des problématiques obligatoires.

AJ : Sur ce dernier point je vous rejoins totalement. Mais sur la liberté totale de recrutement des enseignants, ce serait sûrement dans une phase ultérieure…

AC : Le problème, c’est que la cohabitation des enseignants recrutés « sur profil » (donc recrutés librement) avec les enseignants recrutés classiquement par l’administration a été déjà testée en Zone d’Education Prioritaire et qu’elle ne marche pas ! C’est plus efficace de changer complètement que de rester dans l’entre-deux.

AJ : Ce qui est facile, c’est surtout de mettre l’Education nationale à feu et à sang. C’est une préoccupation qu’il faut avoir sur la faisabilité de la réforme. En revanche sur la nécessité de ne pas mettre dans le socle obligatoire tout et son contraire je vous rejoins totalement : il faut revenir à une définition de ce qu’on appelle vraiment les savoirs fondamentaux alors qu’aujourd’hui, on a plutôt tendance à l’élargir de tous les côtés.

AC : J’ai quand-même la conviction que vous serez obligé d’instaurer le recrutement libre de tous les professeurs, pour que votre réforme soit utile, sinon les efforts de ceux qui sont recrutés sur profil seront annihilés par ceux qui n’ont pas choisi d’être là. Pour qu’un établissement ait une âme, il faut que son chef puisse recruter librement un corps professoral soudé, qui accorde une pleine confiance au projet pédagogique et à la personne du directeur. C’est indispensable pour garantir la cohérence éducative de l’école.

AJ : Cela peut être considéré comme une demi-mesure ou comme un big bang, qui par définition, est amené à se projeter dans l’avenir. Si on propose tout de suite cette liberté de recrutement à 100%, ça ne passera pas. Je note que dans les écoles sous contrat principalement catholiques, il existe la possibilité de se prononcer sur le recrutement d’un enseignant, même s’il n’y a pas une liberté totale.

AC : Il y a les principes et la réalité. A part dans le diocèse de Paris, les établissements sont contrat n’ont pas la maîtrise de leur recrutement. La pénurie d’enseignants, par exemple en mathématiques ou en allemand, aggrave encore la situation. L’urgence est de rendre de nouveau attractif le métier de professeur. Il n’est pas rare que les vacataires soient d’un meilleur niveau que les titulaires récemment sélectionnés sur concours, en particulier ceux recrutés par l’académie de Créteil. Le recrutement sur concours n’est plus une garantie de qualité. L’autre défi est la carte scolaire. Si vous réalisez des évaluations dont vous publiez les résultats, vous engendrerez une explosion du nombre de demandes de dérogation à la carte scolaire, personne ne voulant laisser son enfant dans un établissement aux piètres résultats. Mieux vaut accorder le libre choix de l’école publique aux Français, et en finir avec cette carte scolaire qui condamne les enfants des quartiers les plus défavorisés à fréquenter les moins bonnes écoles.

AJ : La liberté totale peut théoriquement débloquer le système, mais elle peut aussi nous mener à la catastrophe. Je pense qu’avant de supprimer la carte scolaire, il faut améliorer la qualité des établissements, sinon les meilleurs seront pris d’assaut et les moins bons exploseront. Poussons d’abord les moins bons à s’améliorer. J’y vais progressivement et méthodiquement plutôt que de risquer un grand pschitt.

AC : La réforme – pour réussir- doit associer impérativement plusieurs éléments simultanément, même s’il faut bien sûr gérer la transition. On peut ainsi donner la tutelle d’une école publique défaillante à une autre école publique dont les résultats sont excellents, pour recréer de la confiance et éviter la fuite des parents.

Propos recueillis par Samuel Pruvot et Clotilde Hamon

*Mes chemins pour l’école, JC Lattès, 2015.
*Pour voir ce qu’est un programme minimaliste, voir les programmes d’antan : http://jl.bregeon.perso.sfr.fr/Programmes.htm Pas de jargon. Juste l’essentiel.

Retrouvez l’article en ligne sur le site de Famille Chrétienne
http://www.famillechretienne.fr/famille-education/enseignement/debat-juppe-coffinier-peut-on-liberer-l-ecole-205374

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