14 septembre 2011

C’est Clovis qu’on assassine ! Perplexité d’un professeur d’histoire

Le baptême de ClovisLe Code de l’éducation est clair : Les directeurs d’écoles privées qui ne sont pas liées à l’État par contrat sont entièrement libres du choix des méthodes, des programmes et des livres. Seule obligation : les enfants doivent maîtriser l’ensemble des exigences du socle commun à l’issue de la période de l’instruction obligatoire (article D 131-12).
Cependant, pour des raisons pratiques, les écoles indépendantes sont bien obligées de tenir compte des programmes : les élèves doivent pouvoir passer du système hors contrat au système ordinaire, si nécessaire, et réussir les examens de référence (brevet, baccalauréat). Comment construire une progression cohérente lorsque les programmes publics « de référence » sont si décousus, impressionnistes et toujours en mal d’approches thématiques, transversales et globales. Ces partis pris, application maladroite de l’Ecole des Annales fondée par Marc Bloch dans les années 1920, sont totalement inadaptés pour des esprits qui ne sont pas encore structurés ni cultivés. Au diable la chronologie et la construction au fil des siècles de notre beau pays de France ! L’élève, appelé à être citoyen du monde, est prié de s’intéresser autant à l’empire des Monomotapa qu’à François Ier et Napoléon. Pas de discrimination ! Les élèves de 5e devront ainsi consacrer 20 % de leur temps aux premiers temps de l’Islam et aux empires africains tandis que les professeurs devront expédier toute l’histoire de France du XIe au XVIIe (excusez du peu !) dans le temps restant. Conséquence : Clovis, ce père fondateur, est bouté hors des programmes et Louis XIV, placé en fin de programme, risque de passer à la trappe.

La géographie parachèvera le déracinement des enfants appelés à se sentir citoyens du monde avant d’être Français : les collégiens de 5e devront consacrer un quart de leur année au « développement durable », dans une présentation assez malthusienne des perspectives de la planète. Quoi d’étonnant alors que le socle commun appelle les collégiens à « être en mesure de comprendre les grands défis de l’humanité, la diversité des cultures et l’universalité des droits de l’homme, la nécessité du développement et les exigences de la protection de la planète ».

Philippe Mansourati, professeur d’histoire à l’ILFM

Programmes officiels : http://www.education.gouv.fr/cid22116/mene0817481a.html

Pour une approche critique, en histoire

Pour une approche critique, en géographie :

  • Sylvie Brunel, Jean Robert Pitte, Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, JC Lattès, 2010, 352 p.

Article paru dans Les Chroniques de la Fondation, n° 4, octobre 2010.

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