Une réussite éducative: l’école Saint-Dominique, au Pecq.
http://www.youtube.com/watch?v=QRgAgJ4JSSI
Une réussite éducative: l’école Saint-Dominique, au Pecq.
http://www.youtube.com/watch?v=QRgAgJ4JSSI
Parents et enseignants déplorent des déficits d’attention chez un nombre croissant d’enfants. Nous avons lu Le Cerveau attentif (Odile Jacob, 2011, 370 p.) de Jean-Philippe Lachaux, pour y trouver des idées de remède. Mais, de la description de l’attention à la mise en place de techniques aidant à se concentrer, il y a du chemin. Force est de constater que la science n’a pas encore percé tous les mystères de la concentration ! Pour aller plus loin que le résumé du livre présenté ci-dessous, nous vous invitons à vous pencher sur les écrits du docteur Vittoz ainsi que sur ceux du professeur La Garanderie, initiateur de la gestion mentale. Vous y trouverez des pistes plus concrètes pour aider les enfants à accroître leur concentration et leur attention.
Dans son livre, La Charité du Christ nous presse*[1], le jeune évêque de Bayonne accepte et encourage le développement d’écoles hors contrat et catholiques : « Au nom de la liberté des parents de choisir l’école de leurs enfants, qui fonde l’existence de l’enseignement catholique en France, je ne m’opposerai pas à ce que des familles, pour des raisons pédagogiques valables et dans un souci légitime de transmettre la foi à leurs enfants, se tournent vers l’enseignement privé hors contrat, qui connaît ici ou là un certain développement. Étant assurés de l’ecclésialité de leur démarche, en particulier par le lien avec les pasteurs, ils pourront aussi, après discernement, faire partie de l’enseignement catholique diocésain, aux côtés des établissements sous contrat. »
[1] Artège, 2010, 224 pages
Article paru dans Les Chroniques de la Fondation, n° 5, février 2011
Échec scolaire et fracture sociale : non à la double peine pour les enfants en difficulté
Le docteur Edwige Antier, pédiatre et députée, a expérimenté que ce sont bien souvent les écoles indépendantes (hors contrat) qui « sauvent » les enfants qui rencontrent des difficultés dans le cadre scolaire ordinaire. C’est l’un des services que ces écoles différentes rendent à la société – et certainement pas le seul… Encore faut-il que ces écoles soient financièrement accessibles à tous les enfants. Pour éviter toute fracture sociale, pourquoi ne pas envisager un partenariat décomplexé entre le public et le privé ?
En tant que pédiatre, quelle est votre expérience des écoles indépendantes hors contrat ?
Heureusement que nous avons cette possibilité pour certains enfants qui, du fait de leurs particularités cognitives, ne trouvent pas leur place à l’école publique ou sous contrat. J’entends souvent dire pour ces enfants : « Il n’est pas scolaire. » Est-ce à l’enfant d’être fait pour l’école ? Ou à l’école de trouver comment potentialiser les compétences de chaque enfant ? Même si l’Éducation nationale fait des efforts considérables pour personnaliser l’enseignement, il y a des échecs. Une école hors contrat peut alors être temporairement salvatrice.
Notre société a tendance à socialiser les enfants à marche forcée, sans s’adapter à chaque personnalité. Lorsqu’un enfant perturbe la classe, quelle que soit la bonne volonté des enseignants, ils reconnaissent eux-mêmes qu’ils ne peuvent pas gérer cet enfant et qu’il n’y a pas d’autre solution qu’une école hors contrat, où l’on cherchera la cause de ses problèmes de comportement et où l’on adaptera la pédagogie, en dialogue étroit avec la famille. Faute de quoi, on assiste aujourd’hui à une véritable épidémie de « phobie scolaire ».
Il faut bien sûr s’assurer que l’école hors contrat dispense réellement une stratégie éducative conforme à l’intérêt de l’enfant.
Les écoles indépendantes rendent-elles, selon vous, des services à la société ?
Pour ces enfants-là, souvent des « dys », dyslexiques, dysorthographiques, dyspraxiques…, mais aussi pour des enfants souffrant d’un milieu familial perturbé, il n’y a parfois que certains établissements hors contrat qui parviennent à leur redonner le goût d’apprendre et l’estime de soi. Ce peut être aussi un jeune enfant au rythme d’apprentissage plus rapide ou plus lent que les autres, qui a besoin d’une pédagogie Montessori. Ou un enfant précoce, car l’on connaît la sensibilité de ces enfants, qui peut inhiber leurs compétences dans un univers non adapté. Certaines écoles publiques ou sous contrat savent faire, d’autres ignorent ces enfants, qui s’enfoncent dans l’échec scolaire.
En tant que députée, pensez-vous qu’il serait légitime et opportun pour l’État de contribuer au financement des écoles indépendantes au regard des services qu’elles rendent à la société, et même à l’Éducation nationale ?
Lorsque l’équipe pédagogique reconnaît qu’elle n’a pas la solution pour un enfant particulier, il faudrait en effet pouvoir subventionner sa prise en charge dans une école hors contrat dont la pédagogie est estimée nécessaire. Sinon, ce sont les moyens financiers, le niveau de culture et d’implication des parents qui permettent la solution « hors contrat », ce qui aggrave la fracture sociale. L’innovation que permet la liberté du hors-contrat doit être un laboratoire qui serve ensuite au public. Il ne doit y avoir aucune rivalité pour des acteurs dont l’éducation est la passion.
Entretien paru dans Les Chroniques de la Fondation, n° 6, juin 2011.
La Fondation pour l’école a interviewé M. Bastien Gautier, ancien élève de l’école de Tersac. Rappelons tout d’abord quelle est la charte de cet internat international hors contrat implanté dans le Sud-Ouest : « Le savoir, le savoir-être et le savoir vivre à travers le respect d’un code d’honneur du comportement qui permet d’affirmer et de développer un esprit d’école ; le développement des qualités humaines et intellectuelles ; la stimulation du goût de l’effort individuel, collectif et de la performance ; l’accompagnement des élèves avec un suivi personnalisé et individuel ; un enseignement performant ; une discipline pertinente et des efforts rigoureux. »
Fondation pour l’école : Bastien Gautier, vous avez aujourd’hui 22 ans. Quelle formation avez-vous reçue ?
Bastien Gautier : J’ai passé cinq années à Tersac, mais aussi plus d’un an et demi dans des internats d’excellence en Grande-Bretagne (dans le Kent et le Surrey) et en Allemagne. J’ai ensuite étudié à l’Ecole des sciences de la gestion de Montréal, qui est rattachée à l’Université du Québec. Aujourd’hui, je travaille au développement commercial d’une start-up dans le domaine du web sur Paris.
FPE : Quel est pour vous ce qui définit le mieux la pédagogie de Tersac ?
B.G. : Deux caractéristiques. Le fait que les activités s’adaptent au profil de chaque élève qui peut pousser loin les apprentissages qui le motivent le plus. Et le caractère international de l’école qui est résolument ouverte sur le monde. A Tersac, les choix sont riches. On peut étudier et pratiquer ce que l’on veut, aller au bout de ses centres d’intérêt. Cela nous permet d’affirmer notre différence, de construire notre singularité d’où découlera ensuite, nous l’espérons, une forte personnalité et une réelle créativité. Nous sommes habitués à ne pas chercher à entrer dans une norme, à ne pas subir la norme mais à aller au bout de notre passion, avec exigence et liberté.
FPE : Est-ce important pour vous d’avoir étudié dans une école indépendante ?
B.G. : Oui, j’y ai été très sensible. Je suis toujours d’ailleurs très attaché à la liberté scolaire car je pense que les personnes doivent pouvoir jouir de la faculté de choisir l’éducation de leurs enfants ; c’est une chose naturelle. Il est bon également que les personnes puissent décider d’accorder la priorité, dans l’éducation qu’elles donnent à leurs enfants, à telle ou telle dimension : l’éducation peut être à connotation fortement internationale, elle peut aussi mettre l’accent sur la formation spirituelle. Cette diversité est une bonne chose tant pour chaque personne que pour la société en général. Je ne suis pas du tout séduit ou convaincu par les mérites d’une instruction uniforme, identique pour tous.
FPE : Nest-ce pas dommage de faire toute sa scolarité au contact seulement d’une élite, au sens économique du terme ? N’est-ce pas plus normal et équilibré de fréquenter des personnes issues de toutes les couches de la société ?
B.G. : C’est une bonne question. A l’école, nous sommes là pour nous former, non pour former une société. Et pour se former, il est utile de s’entourer de gens qui avancent et qui veulent avancer. C’est stimulant. Par ailleurs, si la mixité sociale est faible vu les prix des scolarités, la diversité de personnalités et de formes d’esprit est forte au regard du recrutement international, de sorte qu’on est quand même confronté à la différence. Dans les écoles ordinaires, les jeunes sont plus confrontés à la mixité sociale, et nous, à Tersac, nous sommes plus confrontés à la diversité des origines et des cultures nationales.
A Puy Saint-Vincent, dans les Hautes-Alpes, la Commune vient d’ouvrir une école hors contrat (classe multi-niveaux créée sous forme d’association) pour répondre au besoin des habitants alors que l’Éducation nationale a fermé une des deux classes de l’unique école du village. Les ressources touristiques ont permis au maire de subventionner à 100% cette école associative hors contrat qui accueillera ainsi gratuitement les enfants.
Communiqué de la Fondation pour l’école
La Fondation pour l’école salue la décision du maire de Puy Saint-Vincent. Refusant toute approche idéologique, il a eu le courage de répondre pragmatiquement au besoin scolaire de la population, guidé par le seul souci du bien des enfants et de leurs familles. Il est évident que dans un village de moins de 300 habitants, si l’école ferme, c’est le village qui meurt !
La Fondation note que ce maire a su mettre en place rapidement une solution là où l’Éducation nationale n’a pas pu en trouver. Il a su innover pour répondre, avec réactivité et flexibilité, aux problèmes bien réels rencontrés par les habitants de sa commune là où le Ministère, empêtré dans sa gestion bureaucratique et centralisée, n’a su que proposer… la mort d’une classe et, demain, de l’école. Ce faisant d’ailleurs, ce maire s’inscrit dans la continuité de l’excellente tradition scolaire des villageois du Briançonnais (qui, dès le XVIIème, s’étaient organisés au niveau de la commune ou du hameau pour dispenser une solide instruction à leurs enfants, en payant souvent l’instituteur sur leurs propres deniers. Avec des résultats étonnants : non seulement la population y était bien plus alphabétisée qu’ailleurs mais, en plus, les villages exportaient des maîtres d’école dans le reste du pays.)
L’exemple briançonnais doit nous pousser à regarder la réalité en face. Si personne n’arrive à réformer l’Éducation nationale malgré toutes les bonnes volontés et les compétences que l’on trouve en son sein, c’est en raison de la lourdeur structurelle de cette administration qui stérilise les initiatives, et, en dernière analyse, alimente les inégalités sur le terrain.
Ce qui se passe à Puy Saint-Vincent nous montre la voie pour réformer efficacement et sans brutalité notre système scolaire. Il faut aller vers plus d’autonomie des établissements, et vers une gestion décentralisée des questions scolaires pour répondre enfin aux besoins scolaires réels de la population. Là où une structure marquée par son gigantisme, sa gestion centralisée, et son approche quantitative des problèmes (supprimer tant de postes budgétaires au mépris de la réalité) ne sait pas trouver de solution, un acteur de proximité en revanche peut trouver des solutions efficaces, en lien avec les besoins ressentis par la population concernée.
Reste la question du financement. La manne touristique a permis un subventionnement à 100% de cette école hors contrat, la rendant par la-même gratuite donc accessible à tous. Mais que se passerait-il dans une commune ordinaire ? La même école associative serait payante donc accessible seulement à ceux qui en ont les moyens ou qui sont prêts à faire des sacrifices. On voit là que l’accès pour tous à l’école de son choix n’est effectif que s’il est financé.
C’est pourquoi la Fondation pour l’école propose l’instauration d’un crédit d’impôt pour les familles non imposables scolarisant leurs enfants dans des écoles privées à but non lucratif et non subventionnées. Rappelons que par les impôts indirects (TVA, taxe sur l’essence, etc.), ces familles participent largement au financement de l’école publique. De plus, en ne scolarisant pas leur enfant à l’Éducation nationale, elles font réaliser une économie au budget de l’État de 5 690 euros par élève du premier degré (selon les statistiques publiées par le MEN pour 2009). Il ne serait donc que justice qu’elles bénéficient d’un crédit d’impôt pour compenser tout ou partie de leur dépense d’éducation.
La Fondation pour l’école…
…est une fondation reconnue d’utilité publique, créée par décret du Premier ministre en 2008 après avis positif du ministère de l’Education nationale et du Conseil d’Etat. La Fondation encourage les réformes du système éducatif fondées sur l’autonomie de gestion des écoles et la liberté scolaire pour les familles comme pour les professeurs. C’est en responsabilisant et en libérant les énergies du terrain (professeurs, familles, communes) que l’on pourra enfin relever l’école en France.
Contact :
Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l’école
[email protected] ou 06 26 27 86 72
Il est temps de nous guérir de bien mauvaises habitudes si nous voulons vraiment sortir l’école de l’ornière :
Anne Coffinier, directrice et cofondatrice de la Fondation pour l’école
Editorial des Chroniques de la Fondation, n° 5, février 2011.
Témoignage d’un président d’association gestionnaire d’une école hors contrat, créée voici six ans.
« Franchement, moi, comme père de quatre enfants, je ne vois vraiment pas ce que je fais comme président d’une association qui gère une école indépendante d’une cinquantaine d’élèves ! J’ai un travail qui me prend déjà beaucoup et là, je me rajoute des centaines d’heures dans l’année. Cette semaine, par exemple, j’ai eu le Conseil d’Administration de l’École, un rendez-vous avec un électricien pour les locaux, la visite d’une autre école hors contrat avec les institutrices pour prendre des idées pédagogiques… sans compter les nombreux coups de fil.
Mais voilà : nos enfants sont une priorité ; nous voulons qu’ils puissent apprendre à lire, à écrire et compter selon nos vœux et qu’il y ait cohérence entre ce qu’ils vivent à la maison et à l’école.
Les parents qui nous ont rejoints au fil des années font un effort important : par exemple, sacrifice financier (on paie l’école dans nos impôts et on repaie !), ou sacrifice du « je sors du système ». Car être à part n’est pas un objectif !
Une école comme la nôtre ne marche donc que parce qu’il y a dons de temps, d’argent et de compétences. Je pense aux membres du Conseil d’Administration, au trésorier bénévole, à la directrice bénévole, aux parents qui viennent bricoler et bien sûr, au premier chef, à nos institutrices – elles touchent 110% du Smic. C’est cette logique exigeante mais partagée entre tous qui donne un esprit particulier et paisible. Nous le sentons jusque dans la cour de récréation où les enfants montrent souvent beaucoup d’attention les uns pour les autres.
Il est vrai que les petits effectifs en classe aident. Mais ce point essentiel nous cause aussi un souci… financier ! Une approche purement gestionnaire nous inciterait à dépasser les 20 élèves par classe. Mais l’idée n’est pas de faire du nombre : nous ne voulons pas perdre en qualité de suivi des élèves. Les économies d’échelle sont donc très difficiles à réaliser.
Cette précarité est parfois fatigante, mais c’est elle qui nous pousse à aller de l’avant, à ne pas être des écoles du passé mais bien des « labos » innovants sur le plan pédagogique : par exemple, par la prise en compte d’apports récents sur le fonctionnement du cerveau – nous utilisons la méthode de lecture de Ghislaine Wettstein-Badour, et par le partage d’expériences entre professionnels. La visite que j’évoquais à l’instant dans autre école hors contrat nous a sensibilisés à l’acquisition de matériel Montessori qui permet une expérimentation manuelle et sensorielle, préalable à l’abstraction chez l’enfant.
Pour ce projet hyper-exaltant, nous allons donc rester sur la brèche, continuer à chercher des soutiens et des dons. L’enjeu est d’une grande dignité. »
Propos recueillis par Joseph Bibardière
Que peuvent et doivent apporter les écoles indépendantes (« hors contrat ») aux enfants ? C’est ce qu’explique Sœur Daniel-Marie Champarnaud, religieuse enseignante qui connaît bien celles qui se sont créées ces dernières années.
Depuis plus de 20 ans, vous contribuez au développement des écoles catholiques indépendantes en France. D’abord en ayant fondé vous-même une école en 1989, et maintenant en supervisant plusieurs de ces écoles. Quel est selon vous l’intérêt de tels établissements ?
Ces écoles peuvent mettre en place des méthodes qui ont fait leurs preuves : la lecture syllabique par exemple. De nombreux chercheurs ont montré qu’elles correspondaient au fonctionnement du cerveau de l’enfant. L’enseignement hors contrat propose aussi une analyse grammaticale structurée et donc structurante, ou un apprentissage classique du calcul.
En plus de cela, les classes ont souvent de petits effectifs. Pour suivre chaque élève, il ne faut pas plus de douze élèves en CP et de vingt en CM. Comment peut faire un instituteur qui a trente enfants, ne serait-ce que pour la correction des cahiers ?
À quoi doivent, selon vous, ressembler idéalement les écoles indépendantes ?
Elles doivent à tout prix éviter la tentation de l’élitisme. À mes yeux, leur vocation est d’accueillir aussi bien des élèves en difficulté que des élèves brillants.
Dans les sessions de formation pédagogique que j’anime à destination du personnel enseignant de ces écoles, je redis la phrase de Montaigne : « Un élève n’est pas un vase qu’on emplit mais un feu qu’on allume. » Si on bourre le cerveau, on peut aller jusqu’à éteindre le feu. Il n’y a aucune raison de faire le programme de sixième en CM2.
La tentation de l’élitisme, on la retrouve aussi dans la tentation du conceptuel. Je me souviens avoir rencontré des élèves sortant d’un cours sur le parallélogramme. Sur leur cahier, aucun schéma. La maîtresse n’en avait même pas dessiné un au tableau. L’enfant a besoin de concret. Thomas d’Aquin (1225-1274) disait à la suite d’Aristote (384-322) : rien n’est dans l’intelligence qui n’ait d’abord été dans le sens. Le carburant de l’intelligence, c’est ce que le toucher, l’odorat, la vue, l’ouïe et le goût apportent. Il faut donc faire expérimenter concrètement les savoirs aux enfants comme on le voit par exemple dans la méthode de la pédagogue Maria Montessori (1870-1952). En formation des maîtres, je dis souvent qu’il faut dramatiser l’enseignement. « Dramatiser » au sens théâtral du terme, rendre vivant, captivant, raconter, donner à voir.
Certains parents semblent choisir ces écoles pour la discipline qui y règne. Qu’en pensez-vous ?
Dans l’enseignement, il faut conjuguer rigueur et souplesse. De la rigueur car cela donne des repères. L’enfant a besoin d’un cadre structuré, serein et rassurant pour apprendre. On a sans doute beaucoup oublié cela ces dernières décennies. Mais il ne faut pas oublier la souplesse, la fantaisie, l’ouverture qui facilitent l’apprentissage. La discipline ne doit jamais conduire à casser l’enfant, à l’humilier, à étouffer ses dons. Tout l’art de la pédagogie est d’aider l’enfant à construire sa personnalité, à lui révéler à lui-même des talents qu’il ignore.
Les écoles chrétiennes indépendantes valorisent souvent l’aspect religieux. Quelle place leur conseillez-vous d’y accorder ?
Je me souviens avoir été un jour furieuse, très furieuse ! Un soir, j’assurais du soutien scolaire ; un enfant était tout penaud. L’explication ? Sa maîtresse lui avait donné à recopier cinq fois sa leçon sur l’Esprit-Saint car il ne la connaissait pas suffisamment ! C’est bien plus qu’une aberration ! Pensez-vous que cela puisse conduire ce garçon à aimer l’Esprit-Saint ? L’environnement de foi n’a qu’un objectif : que les enfants sachent que Dieu les aime et les aimera jusqu’au bout, toujours. Un jour, j’ai croisé un CM dans la cour. Il m’a dit : « Ma sœur, je suis aimé de Dieu pour toujours ! ». Voilà la réussite !
Dans la catéchèse, on peut donner un peu de contenu à apprendre par cœur mais certainement pas au même niveau que les matières comme l’histoire ou le français.
En quoi doit, à votre avis, consister la prière du matin dans une école chrétienne hors contrat ?
Ce n’est pas avec la longueur qu’on va gagner. Un Notre Père, une offrande de sa journée, une invocation… c’est suffisant. Rien ne sert d’en rajouter.
Et quand une messe est proposée, il ne faut pas prolonger l’action de grâce ou multiplier les chants. Nous vivons à une époque où il y a beaucoup de bruit. Nos enfants ont besoin de messes pas trop longues qui offrent du calme, du silence, du recueillement.
Vous connaissez bien l’univers des écoles indépendantes. À quoi doivent-elles être attentives ?
Elles doivent veiller à la pression des parents qui est parfois très forte. Ils peuvent parfois demander beaucoup et trop dans l’enseignement, la discipline, le religieux. Les directions et enseignants doivent bien garder le cap et en revenir à quelque chose parfois bien oublié : le bons sens ! Le bon sens pour doser la quantité de travail, doser les exigences, favoriser l’épanouissement de l’enfant.
Les écoles hors contrat ont-elles de l’avenir ?
Je connais beaucoup d’écoles indépendantes qui font très souvent du très bon travail pour les enfants. Ce mode d’enseignement en petits effectifs devrait encore beaucoup se développer dans les prochaines années.
Témoignage recueilli par Bertrand Lethu.
Faut-il mettre nos enfants dans une école catholique indépendante (hors contrat) ? Voilà la question que se posait voici deux ans un couple, parent de quatre enfants. Le papa raconte pas à pas leur cheminement. Récit d’une année complète.
Avril – Le temps du mûrissement
L’école indépendante (hors contrat), pas mon truc ! Cette façon de se démarquer me chiffonne. On est parfois si différents et en marge quand on est catho… Alors si on en rajoute avec le choix d’une petite école bien estampillée chrétienne, n’est-ce pas la ghettoïsation directe ?
Le problème, c’est que Jeanne (1), notre première fille (5 ans), vit difficilement sa scolarité dans l’école privée catholique de notre commune : elle s’ennuie au point de ne plus vouloir aller en classe le matin. Une bataille quotidienne pour la lever, la monter en voiture, la laisser à l’école. Le corps enseignant, très bienveillant, a pourtant été remarquable : il lui a déjà fait sauter une classe.
Alors, en cette fin d’hiver 2009, une question nous habite : que faire pour notre fille chérie ? Voici quatre ans, une école catholique indépendante s’est montée à 6 kilomètres de chez nous, en pleine campagne. Quinze élèves pour commencer, puis trente, puis quarante ! Mais toujours de petits effectifs dans les classes : cinq élèves par exemple en CP. N’est-ce pas ce qui pourrait convenir à Jeanne ? Peut-être bénéficierait-elle d’une personnalisation dans l’enseignement, plus difficile avec 25 élèves.