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Voici un article paru dans Libération, le 28/08/2011.

« Cinq écoles privées catholiques du Pas-de-Calais proposent aux parents d’accueillir – en payant – les enfants de 2-3 ans.

« Cinq écoles privées catholiques du Pas-de-Calais ont décidé d’ouvrir à la rentrée 2011 des classes hors contrat, payées directement par les parents, pour accueillir les enfants de moins de trois ans et pallier les fermetures de classes annoncées dans le primaire.

« Dans la région, nous perdons 29 classes à la rentrée dans le premier degré. Ces créations de classes hors contrat ont été instituées en concertation avec les établissements qui perdaient des classes, suite à des demandes des familles pour trouver des solutions de remplacement afin d’accueillir les enfants de moins de trois ans », indique à l’AFP Marcel Debove, directeur chargé de la maternelle et du primaire au diocèse d’Arras.

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Collégiens dans un internatL’internat est à la mode : il serait l’antidote aux décompositions et démissions de notre société. Malgré son coût élevé (de 3 700 euros à 18 000 euros l’année pour la France), il est de plus en plus recherché par les familles. L’État lui-même vient d’en ouvrir douze, les fameux « internats d’excellence », mais c’est le secteur hors contrat qui compte les modèles d’internat les plus accomplis. Nous avons rencontré les directeurs des internats hors contrat de Courset, Tersac, Châteauroux et Chavagnes-en-Paillers pour tenter de mettre au jour ce qui fait la force singulière de l’éducation en internat.

L’internat est, en première analyse, une solution pragmatique adaptée aux temps de crise.

C’est une réponse à la crise de l’enseignement, à la pénurie d’écoles de qualité. Parce qu’il devient très difficile de trouver près de chez soi une école convenable et conforme à ses attentes éducatives, voire spirituelles, de plus en plus de familles sont contraintes d’envoyer leurs enfants en internat.

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Article publié dans La Dépêche du Midi du 01/09/2011.

« Deuxième rentrée pour l’école des Sarments, une école privée hors contrat, sise au 144 rue Trivalle, derrière l’école des Troubadours. Dans cette petite école atypique où l’on accueille des élèves de la maternelle au CM2, on enseigne «l’humanisme». «Nous avons adopté le concept anglo-saxon, le matin les élèves travaillent les mathématiques et le français, l’après-midi est consacré aux activités manuelles et artistiques, l’histoire de l’art… L’enseignement du chant par exemple est important puisque les élèves de primaire s’y consacrent 1 heure tous les jours, 30 minutes pour les maternelles», explique le directeur Olivier Lefebvre. Dans cette école, les élèves revêtent une blouse et sont vouvoyés par leurs instituteurs, n’y voyez là qu’une renaissance de l’école à la hussarde… « Cette école est ouverte à tous les enfants de tous les horizons, on y offre une éducation à la française, peut-être vieille France c’est sûr, mais il n’y a aucun enjeu idéologique de quelque nature que ce soit», assure M. Lefèbvre. De belles affiches pédagogiques des années 60, des manuels adaptés de ceux des années 60 et même 40, cette école a le goût d’antan mais il y flotte comme un souffle nouveau. 27 élèves y feront leur rentrée le 8 septembre, soit six de plus que l’an dernier.

En France, il existe une centaine d’écoles hors contrat, qui donc ne dépendent pas de l’Education nationale – des écoles pour la plupart confessionnelles, d’autres à la pédagogie dite nouvelle (comme la méthode Montessori enseignée à l’école des Sarments), ou encore des écoles parentales (où les parents assument tout). Elles sont tout de même, et bien sûr inspectées régulièrement. Pour vous faire une idée de cette école, des portes ouvertes sont organisées aujourd’hui, 1er septembre et le 10 septembre. »

Article publié dans La Dépêche du Midi du 01/09/2011.

L’État a annoncé qu’il supprimerait 2 500 emplois dans l’enseignement privé sous contrat d’ici à 2013. Comme ces professeurs-là sont tous devant les élèves, cela signifie qu’il faudra fermer partout en France des écoles catholiques. Le Secrétaire général l’a dit avec solennité lors de sa conférence de rentrée : il sera contraint de fermer « 1 000 écoles, 100 collèges et 70 lycées, environ, d’ici à 2013 ». « Ce n’est plus le signal d’alarme, mais le tocsin, qu’il sonne aujourd’hui », constate le journal Famille Chrétienne (n°1709).

N’était-ce pas pour bénéficier de la garantie d’un financement pérenne de ses établissements que l’Église de France avait choisi, sur la base de la loi Debré de 1959, de pousser les écoles catholiques à contractualiser avec l’État et donc à perdre, nécessairement, une partie significative de leur précieuse liberté ? La remise en question de l’engagement financier de l’État contraint donc les écoles privées sous contrat[1] à mettre au point sans délai une nouvelle stratégie.

La Fondation pour l’école est solidaire de toutes ces écoles car elle est convaincue qu’il ne peut y avoir de société réellement libre sans liberté scolaire, de même qu’il ne peut y avoir d’éducation à la liberté sans enseignement libre. La crise actuelle appelle des solutions audacieuses, non un simple replâtrage. Ce serait reculer pour mieux sauter.

Deux pistes nous semblent envisageables immédiatement : ouvrir des classes hors contrat au sein des établissements dits sous contrat pour scolariser tous les enfants qui le demandent, et transformer en établissements hors contrat les établissements menacés de fermeture pour assurer la continuité du service aux familles.[2] Les équipes éducatives y gagneront au passage la flexibilité qui leur manque tant aujourd’hui. La Fondation pour l’école se met à la disposition des directeurs et professeurs concernés pour les y aider. Au-delà de cette réponse de court terme, nul doute qu’il faille renégocier le cadre contractuel avec l’État en obtenant le chèque éducation, meilleur garant de la liberté de l’éducation, de l’intérêt financier de l’État et de la performance de tous, publics comme privés. 

Anne Coffinier, directrice et cofondatrice de la Fondation pour l’école

[1].  … et les structures qui les conseillent : directions diocésaines de l’Enseignement catholique, Fédération des écoles privées laïques sous contrat, Fonds social juif unifié …

[2]. Nous rappelons que le contrat se passe avec le directeur de l’établissement, pour une ou plusieurs classes données, et pas nécessairement pour tout l’établissement. Il existe déjà plus d’un établissement dit sous contrat à recourir à cette solution de la création de classes hors contrat pour accueillir les enfants sur liste d’attente malgré le refus de l’État d’ouvrir des classes sous contrat supplémentaires.

 Editorial des Chroniques de la Fondation, n° 4, octobre 2010

Le propos de cet article signé de Guilhem Golfin est de contribuer au développement de la réflexion contemporaine sur l’éducation et l’école à travers l’évocation de deux œuvres du philosophe Etienne Gilson, œuvres méconnues car à l’évidence secondes au regard de l’ensemble de son oeuvre, mais qui ne nous ont pas moins paru instructives.

Dans la première, Gilson s’efforce de poser les principes d’un enseignement catholique libre, dans le contexte de la République radicale des années 1930. L’analyse qu’il est amené à faire de la politique de l’État français en matière d’éducation, et de sa signification générale, d’une part, celle de l’importance vitale pour l’Église d’une école indépendante du politique, et des conditions nécessaires à cette indépendance, d’autre part, nous ont paru dignes d’intérêt, et non sans apporter quelque lumière à la situation présente, pourtant si différente dans son contexte. Analogiquement, le propos de Gilson peut même aider à penser un enseignement libre non confessionnel.

La seconde œuvre pose la question de ce qu’est l’enseignement pris en lui-même, à travers l’exemple de l’éducation philosophique. Ici, Gilson nous aide à dissiper des erreurs graves sur l’action éducative, lesquelles n’ont sans doute pas peu contribué au marasme actuel de l’école en France.

Comme il ne s’agissait pas tant ici de faire une étude de la pensée de Gilson en elle-même et pour elle-même, mais bien plus de faire ressortir comment le propos du philosophe peut nous aider à penser les difficultés de notre temps, nous avons assez librement mêlé le commentaire à l’analyse du texte. Toutefois, à chaque fois que cela était possible, nous nous sommes efforcés de distinguer les deux en écrivant nos réflexions propres en italique.

Nous reprenons ici une interview d’Anne Coffinier, parue dans Le Cri du Contribuable.

Anne Coffinier, énarque, normalienne et diplomate, est la fondatrice de « Créer son école », une association qui, depuis 2004, encourage et soutient la création d’écoles indépendantes en France. Elle a créé également la Fondation pour l’école et l’Institut libre de formation des maîtres. Interview.

 Il y a plus de 488 établissements indépendants, 19 ont ouvert en 2010. Est-ce beaucoup par rapport aux années précédentes et quel est le taux de mortalité de ces établissements ?

Il y a environ 20 ouvertures d’école indépendante (de la maternelle au lycée) par an et 2 à 3 fermetures en moyenne, souvent en raison de mises aux normes de sécurité à effectuer qui sont financièrement trop lourdes pour les écoles. Ces écoles sont très diverses : écoles Montessori, écoles de confession catholique et à pédagogie traditionnelle, écoles bilingues, écoles pour enfants surdoués…

Il y a indubitablement un développement réel des écoles indépendantes en France : 20 ouvertures par an, ce n’est pas rien alors qu’au même moment l’État et les directions diocésaines ferment des établissements partout en France.

C’est ce contraste qui est saisissant, surtout qu’il est difficile de créer des écoles indépendantes, lesquelles ne reçoivent aucune subvention ni aucun soutien de la part de la puissance publique alors qu’elles remplissent pourtant une mission d’intérêt général, qu’elles font faire de substantielles économies au budget de l’État (environ 7 000 euros par enfant) et que leur existence se fonde sur une liberté de valeur constitutionnelle : la liberté d’enseignement.

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Le maire de Puy Saint-Vincent (Hautes-Alpes) a créé l’actualité de la rentrée : en autorisant la création, par une association financée par la Ville, d’une classe enfantine hors contrat et en hébergeant cette classe dans les locaux de l’école publique, il a donné un avertissement aux doctrinaires de tous horizons : ce qui compte, pour lui, c’est bien l’intérêt des enfants. Il semble qu’il soit le premier à avoir franchi le pas.

Mais il est loin d’être le seul à chercher – et à trouver – des solutions originales pour favoriser la création d’écoles ou de classes qui répondent à la demande fort légitime des parents : pour eux, une bonne école, tout simplement, est une école proche de chez eux, qui dispense un enseignement de qualité, en étant respectueuse des besoins des enfants. Petit tour d’horizon.

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Les nouveaux programmes de SVT des classes de 1re L et ES, qui entreront en vigueur à la rentrée 2011, portent atteinte à la liberté de conscience des lycéens. Cela révèle les nouvelles priorités de l’Éducation nationale, plus motivée pour modeler les consciences que pour transmettre les savoirs.

À la rentrée, ces lycéens devront se livrer à la « confrontation de données biologiques et de représentations sociales » (Bulletin officiel n° 9 du 30/09/2010), en SVT (sciences de la vie et de la Terre), dans le cadre du module « Féminin/Masculin ». En clair, cela impose d’étudier la distinction entre l’« identité sexuelle » et l’« orientation sexuelle ». « L’identité sexuelle correspond au genre selon lequel nous sommes socialement reconnus. L’orientation sexuelle, en revanche, correspond au sexe des personnes qui sexuellement nous attirent », explique le manuel de Sciences 1re L-ES publié par Bordas. Présenter cette théorie engagée et ultraminoritaire du Gender dans le cadre d’un cours de sciences la parera immanquablement d’une aura de vérité scientifique dont elle est objectivement dénuée.

Ce mélange des genres, coutumier depuis que la pluridisciplinarité des approches thématiques est à la mode à l’Éducation nationale, rend toute rigueur scientifique impossible et, partant, affaiblit l’autorité de l’institution. Cela constitue aussi une atteinte à la liberté de conscience des élèves, des familles, et même des professeurs, qui devront réciter ce catéchisme constructiviste sans mot dire. C’est enfin une atteinte évidente à la laïcité telle que la professait Jules Ferry dans sa fameuse Lettre aux instituteurs (1882) : « J’ai dit que votre rôle en matière d’éducation morale est très limité. Vous n’avez à enseigner, à proprement parler, rien de nouveau, rien qui ne vous soit familier, comme à tous les honnêtes gens. […] Vous n’êtes point l’apôtre d’un nouvel évangile ; le législateur n’a  voulu faire de vous ni un philosophe, ni un théologien improvisé. » Bref, l’école, soucieuse de la rigueur des savoirs qu’elle transmet, ne doit pas être le champ clos des lobbies.

Cette affaire du Gender, loin d’être un dérapage isolé, s’inscrit en réalité dans une longue suite d’atteintes à la liberté de conscience des enfants et, au-delà, à l’autorité morale de la famille. L’infirmière scolaire délivre depuis 2000 la pilule abortive du lendemain sans avoir à en informer les parents ; l’éducation sexuelle est déléguée à des organismes militants tels le Planning familial ou, depuis 2009, SOS homophobie. Des campagnes d’information sont organisées dans les établissements, pressant les jeunes de définir leur « orientation sexuelle ». On pourrait citer aussi Le Baiser de la lune, ce film qui devait familiariser les élèves de CM avec l’homosexualité, ou la diffusion du pass-contraception aux lycéens. En dix ans, une révolution insidieuse s’est opérée. L’affaire du Gender nous révèle ce que nous n’avons pas voulu voir : l’Éducation nationale se moque du respect des consciences des enfants et se sert du cadre scolaire pour révolutionner les mœurs. La minorité de l’enfant et les responsabilités éducatives des parents sont tout bonnement niées par l’institution scolaire, qui se mêle toujours plus d’éduquer et toujours moins d’instruire.

Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que les écoles entièrement libres aient la cote auprès de plus en plus de familles. Avoir le droit de choisir ses professeurs, ses programmes, ses manuels devient plus que jamais nécessaire alors que l’État se laisse aller à donner aux minorités politiques une influence déplacée dans l’éducation de la jeunesse.

Article paru dans Les Chroniques de la Fondation, n° 6, juin 2011.

A lire également,  un article de Marc Le Bris paru dans Famille Chrétienne.